Pour l’amateur de produits houblonnés surfins, la ville de Gatineau demeure celle de la microbrasserie Bas-Canada. Spécialiste dans les IPA, il faut tout de même avouer que ce brasseur de grande qualité est capable de brasser et ce avec succès, à peu près tout! Je tape cette série de mots en pleine matinée et j’ai déjà envie de me clancher une Los Tabarnacos ou une Hypa. Amour de la bière, quand tu nous tiens!
Mais Gatineau n’offre pas que les bières de chez Bas-Canada, mais non! Il y aussi le fait que cette ville, voisine d’Ottawa, propose de nombreux parcs aux paysages flamboyants, une fantastique statue de Maurice Richard qui se veut plus imposante que celle près du Centre Bell et la formation Fuck the Facts.
Mais en 2023, nous pouvons ajouter un autre phénomène gatinois qui en vaut le détour! Non, ce n’est pas l’ajout d’un pont de corde au parc Laflèche sur leur parcours d’Arbraska! C’est plutôt la sortie du second album de Cruel Fate. Du nom de Destin Cruel, on apprécie le fait que le groupe tente de réunir les deux solitudes canadiennes en y allant avec une traduction libre du nom de la formation pour intituler son album.
Il n’y a pas que le titre de l’album qui se veuille francophile car Cruel Fate y va en français, tout au long des 28 minutes qui composent ce deuxième album. Privilégiant une sonorité death métallique, le quatuor de l’Outaouais propose un son plutôt bourdonnant dans sa distorsion et les percussions demeurent puissantes.
Le crépitement d’un feu amène Triomphe de la Mort en mode crescendo. Petit à petit, les coups sur le drum et le son bruissant de la guitare préparent l’ouverture totale où la voix de Manu Duval vient s’imposer. Le ton est solide, la ligne est droite et on ne fera pas de broderie ici avec les Gatinois. Cette chanson propose même un groove qui nous rapproche dans le style d’un Killing Joke, une espèce d’influence avec de l’industriel, question de t’accrocher.
Avec Vampire Boréal, c’est le tone de la guitare qui surprend. Ça te chatouille l’oreille comme une bouilloire qui te siffle que la tisane matinale sera bouillante. C’est actif comme pièce, c’est ouvert et je dois avouer que l’apport du français amène beaucoup au groupe. La prononciation et le phrasé me plait, la voix de Duval demeure sur plusieurs couches et elle me remet en tête ce qu’Obliveon proposent sur des chansons comme Désert Incorporel et Biomécanique. Sur la chanson Destin Cruel, l’introduction se veut une pétarade mais l’effet massif soumise par le riff principal te boursouffle le canal auditif. C’est gros, c’est large et on se rend compte que leur death metal demeure excessivement enjôleur, jamais trop guttural.
Si Cruel Fate suit le cordage imposé par une formation comme Motörhead, je peux conclure que la pièce Descente aux Enfers est leur Iron Fist. Avec son attitude punkée, c’est du rentre-dedans de haut calibre. Pour terminer l’album, Feu Christique qui reprend dans une cadence plus death métallique avec une influence plus noircie et L’Usurpateur qui propose une ligne bien ouverte où les percussions sont mises à contribution.
Comme je le disais l’autre jour, il est bien d’avoir des sorties surprenantes en fin d’année car mon année métallique n’est pas comme mon année fiscale; elle ne se termine vraiment pas en même temps. D’avoir des produits bien de chez nous de ce calibre, cela me permet d’écouter ça tout en cordant mon bois, comme un homme, canette de Constantin au pied.
Donc, comme un vrai Gatinois!
Disponible le 17 novembre sur Personal Records.