Quand j’étais disquaire au HMV, au début des années 2000, je rackais les albums de Necrophobic dans la section metal du magasin où je travaillais. Je voyais les pochettes en me disant que ce groupe devait être excessivement crapuleux, vil et mesquin au niveau sonore. De plus, les gens qui achetaient les albums de cette formation métallique suédoise étaient toujours mes clients les plus sombres, discrets mais en moyens car les productions de Necrophobic étaient en importation dans le temps et se détaillaient aux environ de 27,99$ canadiens, ce qui se voulait excessivement onéreux pour l’époque.

De mon bord, je savais que ce groupe avait été formé par un dénommé Blackmoon car j’ai toujours consommé tout ce qui venait de Peter Tagtgren. War était l’un des projets de Tagtgren et Blackmoon jouait de la guitare dans cette formation. Ma curiosité était donc piquée, je me devais de jeter une oreille sur le groupe.

Au HMV, nous avions l’opportunité de déballer les albums, de les écouter et de les réemballer par la suite. Je me souviens d’avoir écouté The Nocturnal Silence, dans le backstore en buvant un Pepsi. J’avais été plutôt impressionné par la sonorité black/death de ce groupe. Bien ficelé et interprété, c’était juste assez ceci et juste assez cela.  

Nommé d’après la chanson de Slayer du même nom, Necrophobic se voulait une grosse pointure saligaude mais leur absence du circuit des tournées fait que je n’ai jamais suivi la suite avec ce groupe. Il a fallu la mort de Dave « Blackmoon » Parland en 2013 pour que je me rende compte que le groupe existait encore.

Même s’il n’était plus avec le groupe depuis des lunes… noires, en lisant la nouvelle entourant son suicide, les noms des formations avec lesquelles Blackmoon avait joué, revenaient. En 2018, le groupe s’est retrouvé avec Century Media, l’un des plus gros labels metal sur Terre et lorsque j’ai reçu la copie promotionnelle pour Mark of the Necrogram, je me suis bien rendu compte que la bête avait encore du fuel dans la canisse.

Quelques jours avant le congé des Fêtes, j’ai reçu la copie promotionnelle pour ce nouvel album qu’est In the Twilight Grey et généralement, c’est mauvais signe de recevoir un album près de 3 mois avant sa date de sortie. Effectivement, il arrive souvent que l’album soit d’une platitude excessive mais heureusement, ce n’est pas le cas avec cet album de Necrophobic.    

Production peaufinée mais juste assez crue, cet album pèse fort sur le marqueur pour inscrire death/black metal, en noir foncé. La pièce Grace of the Past ouvre l’album avec son introduction qui nous donne l’effet de regarder des bulles flotter autour de notre tête, le tout change de cap vers la vingt-cinquième seconde avec une pétarade offerte, à l’unisson. C’est intense, un lead très noirci à la guitare te tranche les oreilles, jusqu’à ce que le souffle serpentaire d’Anders Strokirk vienne couper le tout.

L’élan est brutal et en partie médiane, la transition offerte par les instruments se veut d’un délice exquis. Et c’est ce qui fait la force de Necrophobic sur cet album, les transitions et les arrangements musicaux que l’on retrouve sur chacune des pièces. Ensuite, la chanson Clavis Inferni débute avec une roulade pratiquement punkée mais l’effet auditif offert nous l’englobe dans une sphère sonore qui se développe en totale débandade sonique.

Galopante, cette chanson atteint son summum avec le refrain qui se veut rassembleur. Ensuite, l’intensité baisse d’un ton avec As Stars Collide mais les impulsions reprennent de plus belle avec la suivante, Stormcrow.

C’est avec Shadows of the Brightest Night que j’ai retiré une entière satisfaction face à cet album. Pièce majeure, sa montée plutôt sombre se veut intense et destructrice. Cette chanson développe une certaine force de frappe qui se veut, virulente. La suivante Mirrors of a Thousand Lakes se veut plus aérée et Cast in Stone se veut pratiquement militaire dans son approche.

Le dernier trio de cet album est composé de Nordanvind, avec sa cadence bien balancée et la pièce titre qui demeure, fortement impétueuse. Finalement, l’album se termine avec les ambiances fantomatiques d’Ascension (Episode Four) qui se déversent lentement vers une portion de guitare soliste et céleste.

La parcelle musicale embrasse à merveille la couverture de l’album, ce qui se veut pratiquement une première pour Necrophobic qui utilise, bien souvent, beaucoup de rouge dans ses couvertures. Cette fois-ci, en y allant avec du noir et bien du gris, le tout se marie à merveille avec cette collection de chansons aucunement ensoleillées.     

Disponible le 15 mars sur Century Media Records.

www.facebook.com/necrophobic.official

Photo : Century Media