Nous sommes samedi soir et c’est avec l’esprit satisfait d’une bonne semaine achevée que je me mets en route vers la Place Bell, pour mon tout premier show de metal sur le sol québécois depuis mon arrivée à Montréal, en août dernier ! Inutile de préciser que l’excitation est bien évidemment à son comble !
Le week-end est à présent bien entamé et c’est donc le moment parfait pour aller s’énergiser un bon coup du côté de Laval. Et ça tombe bien, c’est une soirée puissante et épique qui nous attend en perspective, avec ni plus, ni moins que de véritables seigneurs du power metal: j’ai nommé les biens connus Suédois de Sabaton, secondés par Epica, les non moins célèbres maitres du metal symphonique néerlandais (réunis pour un concert qui me tient d’ailleurs particulièrement à cœur et fera office de véritable « madeleine de Proust », puisqu’il s’agit de deux des premiers groupes qui m’ont introduit à l’univers du metal).
Mais entrons plutôt dans l’atmosphère enfiévrée du show, où je retrouve ma collègue d’Ars Media, Corinne, chargée d’immortaliser l’instant.

Epica – La grande symphonie batave

Epica et moi, ça commence déjà à être une longue histoire et non des moindres : non seulement, c’est l’un des tout premiers bands de metal que j’ai découvert (aaah, ma prime écoute de The Divine Conspiracy…), mais c’est également l’un des rares groupes de metal symphonique que j’apprécie et écoute régulièrement ; en effet, je ne cours pas nécessairement après le style (que j’ai tendance à vite trouver très kitsch et casse-gueule s’il est pauvrement exécuté…), mais Epica fait clairement partie de ces uniques groupes du genre à avoir toujours trouvé grâce à mes yeux, de par la puissance de leur son, leur talent, la constance de leur évolution et leur professionnalisme live… ce qu’ils vont vite nous démontrer une nouvelle fois ce soir!

C’est donc les yeux pétillants que je vois les lumières s’éteindre et les bataves arriver sur scène, entamant les hostilités avec un Abyss of Time – Countdown to Singularity entrainant ; le public, qui scandait déjà leur nom depuis un bon quart d’heure, est absolument ravi et le leur rend bien !
Je remarque également un grand nombre de t-shirts à l’effigie du groupe dans l’assemblée, et l’accueil extrêmement chaleureux qu’ils reçoivent me conforte dans l’idée qu’ils étaient quasiment aussi attendus que la tête d’affiche scandinave.

Les premières notes de The Essence of Silence résonnent alors, ouvrant le premier moshpit de la soirée (et ils seront nombreux!) pour bien nous rappeler à quel point les influences death peuvent être présentes dans leur musique (avec notamment un Mark Jansen très en forme pour ses growls caverneux au possible).

La date montréalaise a beau être l’avant-dernière d’une grande tournée qu’ils ont entamé à la mi-septembre déjà, on sent une énergie intacte qui perdurera tout le long du show; quel plaisir de voir un groupe qui semble si soudé et prendre tant de plaisir sur scène (mention spéciale aux facéties du claviériste Coen Janssen qui ne cesse de courir d’un bout à l’autre du plateau et de s’amuser avec chaque membre, finissant même par se retrouver à jouer hors-scène, face à la fosse!).

La chanteuse Simone Simons est toujours aussi charmante et tient le public en haleine de sa superbe voix, nous remerciant régulièrement en français, de même qu’Isaac Delahaye qui, étant belge, se prête lui aussi volontiers au jeu de la francophonie avec son «mot du jour» (un incontournable bière), afin de lancer un Sancta Terra majestueux.

Le reste de la setlist est tout aussi excellent et parvient à brasser judicieusement dans leur discographie pour nous en proposer d’excellents extraits, à l’image de l’épique et fédérateur Unchain Utopia, du bondissant Beyond the Matrix, ou du puissant et sombre Cry for the Moon, tiré de leur premier méfait The Phantom Agony. Une setlist qui nous amène à conclure en apothéose avec leur grand classique, Consign to Oblivion, et un grand wall of death effectué très spontanément et avec beaucoup d’enthousiasme dans le pit !

C’est donc à l’issue d’un show magistral et devant un public entièrement acquis à leur cause qu’ils saluent enfin, visiblement très émus et heureux de ce moment de communion passé ensemble… et nous aussi!

Sabaton –Blitzkrieg en bonne et due forme !

Il est à présent l’heure pour les têtes d’affiche de la soirée d’entrer sur scène, dans une salle au public chauffé à blanc par la prestation de haut-vol de leurs comparses hollandais.

Cela va déjà faire la 5ème fois que je les vois depuis 2012 et je ne peux que noter l’amélioration indéniable de leur show et de leur présence scénique ! Comme toujours, ils auront tenu parole: c’est une nouvelle leçon d’histoire explosive qui nous est offerte, comme Sabaton sait si bien les donner ; de vraies bêtes de scène qui maitrisent parfaitement la scène et le public !

Public qui, pourtant déjà extrêmement énergique, se déchaîne alors complètement sitôt que le noir se fait et qu’apparaissent les membres du combo scandinave, le batteur Hannes Van Dahl le premier, juché sur son char d’assaut. Et sans plus attendre, c’est sur un survitaminé Ghost Division que le rouleau compresseur du Grand Nord se met en marche!

C’est un show impressionnant et extrêmement bien rodé que nous propose la bande de Joakim, constitué entre autres d’effets pyrotechniques détonants, d’un écran géant où défilent paroles et imagerie militaire adéquate… et bien sûr d’une setlist impeccable en tout point !

Bien qu’évidemment plus axée sur leur dernier album, The War to End All Wars, dont ils font la promotion, nous profitons d’un très beau panel de leur discographie, où les tubes en puissance s’enchainent les uns après les autres: comment résister à la lourdeur navale d’un Bismarck, à la fougue impétueuse d’un Shiroyama, à l’intensité d’un Steel Commanders ou à l’éclatant et glorieux The Last Stand, célébrant le sacrifice des Gardes Suisses, lors du Sac de Rome en 1527?

C’est indéniable: les Suédois ont un don certain pour proposer des mélodies très accrocheuses et des refrains fédérateurs à chanter à tue-tête (qui seront sans surprise constamment repris en cœur par l’assemblée).

Et malgré la fin de la tournée, de même que pour Epica, on sent Sabaton animé d’un dynamisme à toute épreuve et lié par une grande complicité; les membres semblent beaucoup s’amuser entre eux et interagissent énormément avec les spectateurs, à l’image de la chanson Gott Mit Uns, chantée en suédois à la demande général des fans, à qui Joakim laisse le choix de la langue d’interprétation.

L’émotion est visiblement de la partie également pour le groupe, qui n’en revient pas de l’accueil tonitruant que lui fait le public montréalais (le meilleur de la tournée même, selon leurs dires, et je n’ai aucune peine à les croire) !
Une émotion qui est particulièrement palpable sur Christmas Truce et ses airs de chants de Noël, qui voit la salle entière s’illuminer de flashs de téléphone, tels des centaines de flocons de lumière scintillants. Tout simplement magique!

Puis, le noir se fait à nouveau. Serait-ce déjà la fin? Que nenni! Retentit alors la voix de Churchill sur fond d’images d’archives du débarquement de Normandie, prélude de circonstance au bien connu Primo Victoria, évidemment repris en cœur par un public qui ne tient plus en place. Un public qui réclame ensuite à grands cris un autre de leurs succès, Swedish Pagans, au grand dam de Joakim qui finit tout de même par s’y prêter de bonne grâce.

Enfin, après un petit interlude hard-rock mené vocalement par le guitariste Tommy Johansson, c’est sur un To Hell and Back sautillant, aux accents de western spaghetti, que se conclue ce qui aura été une soirée mémorable pour toutes et tous !

Après un peu plus de 2 heures et demi de show, dont les maitres-mots auront été bonne humeur et enthousiasme, je ressors de là sur mon nuage, un grand sourire aux lèvres et l’esprit empli de mélodies que je vais sûrement fredonner pour toute la semaine à venir.

Pour ma part, la Suède et les Pays-Bas, c’est assurément un combo gagnant qui aura tenu toutes ses promesses et pour lequel je resignerai sans la moindre hésitation !