Ce nouvel album de Suffocation marque un pas majeur pour la formation américaine. Effectivement, les pionniers du death metal y vont avec un premier album avec leur nouveau chanteur, Ricky Myers. C’est surtout qu’il doit être excessivement difficile de devoir chausser les chaussures d’une pointure aussi marquante que Frank Mullen. Mais au moins, Myers a eu quelques années pour se sentir confortable à son nouveau rôle en foulant les planches et ce, un peu partout sur la planète. Avec Hymns From the Apocrypha, Suffocation prend un nouvel envol mais est-ce que le groupe est capable de garder le cap ou plutôt, piquer du nez vers le sol?

Sur cet album, on se rend compte que le seul membre original du groupe demeure le guitariste Terrance Hobbs. On comprend donc rapidement que Suffocation est SON groupe et, pour ceux qui ont vu la dernière présence sur scène de Mullen à Montréal, vous savez que Hobbs a la bénédiction de Mullen face à cette suite pour Suffocation. Pour certains, ceci est un fait insignifiant mais pour les vieux de la vieille, ceci demeure une affirmation d’une importance capitale.

Le Suffocation moderne est encore pertinent sur scène et après quelques écoutes de cet album qu’est Hymns From the Apocrypha, je peux confirmer que la formation est aussi pertinente, sur album. Non, cet album n’est pas une révélation, ni une réinvention du son de Suffocation, ce n’est que la suite logique de ce qui devait arriver pour le groupe car la tête pensante qu’est Hobbs est encore en selle et il se veut fortement appuyé par le bassiste Derek Boyer qui est avec le groupe depuis… 20 ans!

Boyer et Hobbs ne sont pas uniquement musiciens sur cet album, ils agissent aussi comme ingénieurs et producteurs, le tout en fusion avec deux gars de chez nous, Christian Donaldson à la console et Dominic Grimard comme assistant. Donc, y’a un p’tit peu de nous autres là-dedans!

Donaldson était le responsable face à l’album précédent du groupe, l’enregistrement en concert qu’est Live in North America. Malgré que cet album se voulait un album en concert, Donaldson avait été capable de faire sonner le tout. Sur ce nouvel album, Donaldson est à la hauteur de sa réputation car ça sonne en cibole!

Quand je me suis clanché l’album pour une première fois, j’ai tout de suite catché ce qui se passait. C’est qu’une dose franchement puissante de death brutal allait m’être servie et c’est que j’ai reçu. Bang! La chanson titre débute cet album et elle donne le ton. La voix de Myers est juste, large et costaude. Les guitares sont à 1 pouce devant toi, la basse est fringante et les percussions, plutôt exquises.

Est-ce que ceci est un phénomène unique? Un coup de chance? Aucunement car la suivante, Perpetual Deception tapoche comme un gun à clous industriel tandis que Dim Veil Of Oscurity demeure plus gracieuse dans son élan pratiquement, valsant et Immortal Execration débute comme si le groupe faisait une reprise d’Immolation.    

Cette première moitié est rigoureuse, abrasive même et la seconde moitié l’est autant avec Seraphim Enslavement avec un lead de guitare excessivement convaincant. La chanson Descendants est la seule chanson qui m’a fait retrousser un sourcil lors des écoutes initiales. Avec des roulades aux guitares qui proposent des effets qui me rappellent Slipknot, je n’étais pas convaincu. J’ai eu des besoins du tapochage des percussions de la part de Morotti, en plus de la roulade de basse de Boyer, vers la partie médiane, pour embarquer totalement dans cette pièce massive.

Le reste de l’album se veut tout aussi charnu, une livraison death métallique de haut calibre en cette année 2023 sous le signe des arts morbides. En guise de finale, Suffocation propose une nouvelle version d’Ignorant Deprivation, une pièce qui provenait de Breeding the Spawn, mais cette version propose-t-elle Ricky Myers qui tente de sonner comme Frank Mullen?

Pas du tout! C’est vraiment Mullen qui est venu faire un petit saut derrière le micro pour cette version!

Avec cet album, je crois fortement à la pertinence de cette nouvelle mouture de Suffocation qui aurait pu décider, tout simplement, de rouler sur le catalogue du passé en tournée mais qui a décidé de nous livrer une fichue bonne galette!

Disponible le 3 novembre sur Nuclear Blast Records.

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Photo : Jason Carlson