Un des secrets les mieux gardés de la scène death/doom metal demeurait Temple of Void. Je dis « demeurait » car le groupe est maintenant bien en vue avec leur signature récente chez Relapse Records. Leur nouvel album Summoning the Slayer est riche musicalement, très recherché et cette formation prend le temps de bien fignoler ses arrangements métalliques. J’ai profité de ma période de vacances pour discuter avec Alex Awn, membre fondateur du groupe et guitariste chez Temple of Void.   

Bonjour Alex, il serait intéressant d’avoir un petit historique en ce qui concerne la création de Temple of Void, ton groupe.

En ce moment, Temple of Void a environ une dizaine d’années d’existence. Nos origines sont bien documentées et ce, depuis des années. Mais pour te faire un portrait rapide, tout a débuté avec mon autre groupe, Hellmouth et le krav mega, une méthode de combat rapproché. Mon ancien groupe avait l’habitude de pratiquer hebdomadairement et je faisais du krav mega chaque semaine aussi. Un jour, notre chanteur a amené un gars du nom d’Eric Blanchard. Lui et moi avons développé une amitié, nous nous entrainions et nous avons tissé des liens grâce au metal et au fait de lever des poids. Il était guitariste, j’étais guitariste. Nous avions des styles totalement opposés mais un amour commun pour le doom et le death metal. Nous savions que nous devions travailler ensemble à un certain moment. Donc, quand l’occasion a été parfaite, nous avons donc fondé Temple of Void. J’ai invité Brent Satterly pour jouer de la basse. Eric a découvert Mike Errody, notre chanteur en plus de Jason Pearce, notre batteur. Nous étions pratiquement tous des inconnus les uns pour les autres, à l’exception de moi et Brent. Nous sommes rapidement devenus des amis très proches et des collaborateurs. Eric a quitté aux environs du deuxième album et c’est Don Durr qui l’a remplacé sur l’autre guitare. Nous ne cessons de nous endurcir depuis ce temps.    

Votre nouvel album, Summoning the Slayer, est très puissant. C’est un habile mélange entre le death et le doom. Mais il y a quelque chose de plus, un truc très émotif dans votre musique. Cela vient me chercher, c’est très personnel, unique et difficile à décrire. Même si vous proposez une chanson qui arrache comme Hex, Curse and Conjuration, nous retrouvons tout de même une chanson comme The Transcending Horror, qui se veut beaucoup plus abyssale. Est-ce une façon de créer une balance dans le positionnement des pièces sur votre album?  

Oui, nos albums doivent proposer une certaine fluidité, une séquence qui se veuille captivante. Nous devons orchestrer un genre de voyage pour l’auditeur, avec des hauts et des bas, des détours et des moments inattendus. Je crois que Summoning the Slayer est notre meilleur en ce qui concerne sa fluidité. Quand je pense à Temple of Void, j’envisage la création de l’album du début à la fin. L’album doit contenir assez de death et assez de doom pour être considéré comme « death doom », quoique chaque chanson puisse avoir de la variance dans son ratio. Quelques chansons ne sont que death metal. D’autres, généralement doom. D’autres ont une mixture des deux. C’est bien correct comme ça. Cela garde les choses intéressantes et inattendues. En autant que nous puissions produire autant de death et de doom pour une période d’une quarantaine de minutes, nous sommes dans une zone de certitude!  

Vous ajoutez souvent quelques éléments additionnels à vos chansons, un peu de texture pour enrober le tout. Par exemple, au début de A Sequence to Rot, nous entendons la basse qui roule lentement. Par contre, vous avez un petit effet très subtil, comme une sonorité électronique ou quelque chose du genre. Cela ajoute à la richesse de votre musique. Je me demandais si ce genre d’idées étaient les vôtres ou votre producteur qui vous dit : « Nous devrions essayer cela!?! » 

Tout cela vient de nous. Ce sont nos idées. Nous travaillons avec des amis pour ajouter des couches de claviers ou du design sonore. Nous faisons cela lorsque les albums sont enregistrés, au studio. J’ai une amie, elle se nomme Meredith. Elle est avec nous depuis les deux derniers albums. Elle est capable d’ajouter ce genre de design sonore, cinématographique. J’ai aussi un ami, Omar. C’est lui qui ajoute les claviers et ce, depuis notre premier album. Il y a des fois où c’est un de nous qui décide de se mettre la main dans le tordeur. J’ai fait le synthétiseur sur Leave the Light Behind, de notre album précédent. C’est Don qui a fait l’intro au synthétiseur sur celle dont tu parlais. Nous nous entourons de gens talentueux qui peuvent nous aider à rendre nos albums encore plus particuliers. Je suis plutôt content que tu m’en parles car pour nous, c’est quelque chose que nous estimons de très important, et certains ne le remarquent pas! Nous aimons avoir de la profondeur et ajouter des couches qui peuvent être pelées, écoute après écoute.     

Gruge ton death doom metal

Quand je tente de décrire Temple of Void à certaines personnes, je leurs demande d’imaginer si Alice in Chains était un groupe de death metal à la place. Ensuite, je propose d’écouter la chanson Self-Schism et vlan! Est-ce important pour Temple of Void d’avoir ce genre de profondeur, un peu comme le fait Alice in Chains?

Je crois que si Mike, notre chanteur, avait chanté pour Alice in Chains, le résultat aurait été un groupe de death-doom! La seule chose qui qualifiait Alice in Chains de grunge ou tout autre étiquette à la mode à l’époque, c’était la voix de Layne Staley. Leur musique était si sombre et oppressante. Ils n’avaient pas besoin de faire du tremolo picking pour être dépressifs et prémonitoires. Nous sommes inspirés par les années ’90 avec des groupes comme Alice in Chains, Smashing Pumpkins, Soundgarden et Pearl Jam. C’est certain que l’inspiration d’Alice in Chains est plus évidente. Si on se fait surnommer les Alice in Chains du death doom, nous le prenons comme un immense compliment. Comme de raison, nous ne voulons qu’être le Temple of Void du Temple of Void. Nous ne voulons aucunement nous retrouver dans l’ombrage de qui que ce soit. Mais nous n’avons rien à cacher face à nos influences.       

Qui a eu cette idée de commencer l’album comme Altar of Madness de Morbid Angel? Quand on écoute cet album, c’est Immortal Rites qui débute et on entend les percussions inversées.

Je crois que c’était mon idée. Nous essayons toujours de débuter et de terminer nos albums de manières totalement différentes. Nous ne voulons pas nous répéter. Nous n’avions jamais fait cet effet inversé et c’est un classique. Qui ne voudrait pas d’un effet musical inversé sur au moins, un de ses albums?

Il était évident que Temple of Void allait signer avec une autre compagnie, quelque chose de plus gros au niveau impact et distribution. Vous avez probablement reçu d’autres offres et vous avez décidé d’y aller avec Relapse Records. Pourquoi ce label était la meilleure des options?  

C’était le label avec les gens les plus terre à terre. Ils ne voulaient qu’une seule chose, que nous demeurions Temple of Void. Ils nous aiment pour ce que nous sommes et ils nous ont offert une plus grosse plateforme pour partager notre musique et pour qu’elle soit entendue par le plus grand nombre de fans de metal possible. Ce sont des gens très chill. Vraiment gentils et il est amusant de travailler avec eux. Tout est vraiment confortable au niveau relation et c’est très réciproque. C’est bien d’avoir une équipe comme celle de Relapse pour nous appuyer.   

J’ai l’impression que vous avez créé votre dernier album en tant que le représentant de la portion EAU, dans les éléments. The World that Was serait la représentation du FEU et Lords of Death, ce serait la TERRE. Est-ce possible?

Oh! Nous n’avons jamais pensé à nos albums en tant qu’éléments. C’est une observation plutôt intéressante.

Le logo est là

Avec sa couverture abyssale, très bleue et la chanson Dissolution propose un effet aquatique. Tous les éléments me dirigeaient vers cette direction.

Il n’y a pas de connexion directe entre Dissolution et l’eau. Par contre, Meredith a créé un effet de caverne, ce qui tient toutes les pièces bien ensemble. J’imagine que tu es sur le bateau que nous retrouvons sur la couverture de The World that Was et que tu pénètres dans cette caverne. L’album Summoning the Slayer serait cette caverne, tu entends l’eau qui tombe de la paroi rocheuse et ce, tout au long de l’album. Je crois que c’est l’horreur transcendante (NDLR : Alex faisait référence à la chanson Transcending Horror) alors que Mike chante au fait d’entendre des avirons en train de craquer. Ton évaluation est parfaite mais c’est quelque chose de très intéressant que tu nous amènes qui n’a rien à voir avec quelque chose de conscient que nous aurions pu mettre en place.     

Est-ce possible que nous retrouvions toujours le logo de Temple of Void sur vos albums, à l’exception de l’album Of Terror and the Supernatural. S’il y est, il est bien caché!

Pour l’album Of Terror and the Supernatural, nous avons utilisé une peinture déjà existante d’un peintre nommé Bruce Pennington. Nous avons payé les droits, sans ne rien modifier car ce n’étais pas prévu dans le budget. Ensuite, dès le deuxième album, le budget était un peu plus intéressant et nous pouvions y aller avec des trucs qui allaient inclure notre logo, des œuvres sur demande. Je crois que cela est important de mettre ce sigle ou logo, cela ajoute à notre identité et nos mythes que nous créons. Ce ne sont pas des images statiques. Elles racontent des histoires et elles nous sont très personnelles.      

Des chances de vous avoir au Québec en 2022 ou 2023, sur une tournée majeure ou une visite éclair?

Il n’y a rien pour 2022. Mais espérons pour 2023!

Merci Alex!

Merci pour l’opportunité!

L’album Summoning the Slayer est disponible sur Relapse Records.


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