En 2023, Voïvod va célébrer son 40e anniversaire en tant que groupe qui enregistre du matériel sur bobine. Ceci se veut énorme pour une formation d’ici, surtout si elle œuvre dans la sphère métallique. Avec Synchro Anarchy, le groupe nous présente un nouvel album qui a été travaillé de façon différente, étant donné les conditions sanitaires, il y a eu de nombreux échanges de fichiers par le web plutôt que des rencontres pour aller jammer avec les potes.

Nouvelle façon de faire et on comprend que le tout demeure faisable lorsque nous entendons les 9 pièces qui meublent Synchro Anarchy. Pas de remplissage, que de la puissance, c’est ainsi que nous pouvons accueillir cet album du groupe. Troisième galette avec Chewy comme guitariste et deuxième avec Rocky, nous pouvons ressentir la cohésion métallico-spatio-progressive qui découle de cet enregistrement.

Paranormalium ouvre cet album de façon excessivement convaincante, malgré le fait que la guitare de Chewy offre une sonorité qui se rapproche de la sirène d’alarme, nous rappelant l’alerte que nous avons tous reçue sur notre cellulaire, le 31 décembre vers 18h00, annonçant le couvre-feu…  Chanson avec une poigne certaine, on apprécie la cohésion des musiciens et la basse nous frappe, puissamment.

Même constat avec la chanson titre qui propose, elle aussi, un scintillement digne de la sirène d’alarme. Il est à se demander si cette période de confinement et de couvre-feu n’ait pas influencé la troupe québécoise, surtout que c’est au Québec où les mesures ont été les plus contraignantes. Pièce bien harmonisée, on apprécie grandement les voix à l’unisson sur celle-ci, laissant planer cette chanson sur un objet volant non-identifié.

Avec Planet Eaters, j’avais l’impression que cette chanson aurait pu se retrouver sur l’album Nothingface. L’approche métallique baigne dans la même marmite, du braquage à la guitare aux accents éminents qui émanent de la basse de Rocky. Mind Clock agit comme la pièce introspective de Synchro Anarchy et Sleeves Off opère avec précision, proposant des cadences stratégiques tout en demeurant progressivement… apocalyptiques!

Sur Holographic Thinking, nous tombons dans un univers musical onirique en ouverture. Le rythme est saccadé, comme de raison, mais c’est la voix de Snake qui vient nous bercer l’esprit. Ensuite, le tout se déconstruit sous nos oreilles pour mieux se remodeler vers la portion médiane. Sur celle-ci, on sent que Tobias Forge de Ghost risque de se dire qu’il aurait aimé l’écrire car l’influence de Voïvod sur cette formation demeure un fait. Le Voïvod antique comme le moderne. 

Justement, pourquoi ne pas avoir Voïvod en ouverture de Ghost, sur leur prochaine tournée?

Il faut bien qu’un album de Voïvod propose une pièce où nous retrouverons une introduction qui souligne au trait gras la basse. C’est avec The World Today que nous sommes servis et cette chanson se veut plutôt tournoyante. Elle te donne le swing au niveau du bassin et des hanches, dans un sens. Les projectiles musicaux se veulent nombreux sur Quest for Nothing grâce aux roulements sur les grosses caisses de la part d’Away. Pour finir cette expérience sonore, Memory Failure nous remet en tête l’époque Dimension Hatröss avec son approche massive qui croule sous les percussions.    

Pour que toutes les pièces puissent être bien maintenues les unes dans les autres, Voïvod fait une fois de plus confiance à Francis Perron pour l’enregistrement et le mix. Son oreille se veut juste, ce qui permet au groupe d’avoir une consistance sonore excessivement adéquate tout en possédant un grain juste assez saligaud.

Synchro Anarchy est un ajout pertinent dans la discographie du groupe, nous prouvant que le fait d’être unique dans sa sphère métallique se veut toujours salutaire!  

Disponible le 11 février chez Century Media.