Si tu es un régulier de mes billets sur ArsMediaQc, et je t’en remercie, tu sais probablement que j’écoute les albums que je reçois en marchant. Habitant dans le spacieux Terrebonne, mon quartier est situé sur d’anciennes terres agricoles et nous avons encore l’immense opportunité d’avoir quelques portions boisées mais généralement, ce sont des maisons unifamiliales. Le modèle typique de la banlieue avec la devanture en briques et le reste, en lattes de vinyle. Autrement dit, de devant, c’est beau mais de côté, c’est laid en géritol!  

Je te dirais que 80% des maisons possèdent un garage. J’en ai un aussi et son utilité de base n’est aucunement ce pourquoi il est présent, bien fixé à la maison. Effectivement, si un garage est construit pour y stationner une voiture, on s’entend que 95% des gens n’utilisent pas leur garage pour y laisser la bagnole. Dans mon cas, je l’ai déjà fait.

Quand je ramenais les enfants de la garderie et qu’ils dormaient, je les laissais continuer leur petit somme dans la voiture, la stationnant dans le garage en période hivernale. Lors d’un changement de pneus printanier, un garagiste m’a raconté qu’il ne fallait pas laisser une voiture dans un garage. Pourquoi? Lorsque la neige tombe sur le plancher de ciment du garage, elle fond et cela créé de la condensation, ce qui fait rouiller le dessous du véhicule.

À l’époque, on a refusé de me laisser repartir avec ma Toyota Echo, le garage du concessionnaire la jugeant trop dangereuse pour la laisser sur la route. C’est à ce moment que j’ai décidé de changer ma voiture, y allant avec l’équivalent de l’Echo pour cette période, la Toyota Yaris, que je conduis toujours.

Depuis ce temps, je n’insère plus ma voiture dans le garage. Je fais comme tout le monde et j’utilise cet endroit comme salle de rangement, atelier pour les bricoles de l’épouse ou lorsque nous faisons faire des rénovations et bien sûr, pour y accumuler mes canettes vides qui sortent à profusion du frigibière, situé juste à côté du congélateur. En toute honnêteté, c’est surtout pour le rangement car en période hivernale, c’est là qu’on range le stock estival et parfois, ça prend de l’expansion.

En marchant dans mon Terrebonne bucolique, je vois énormément de portes de garage ouvertes car avec le beau temps précoce, nombreux sont les badauds qui bidouillent dans le garage. Ce que je vois dans les garages du voisinage me console amplement. Si certains ont des racks d’outils vraiment bien rangés, d’autres ont énormément de boîtes qui débordent, sont endommagés, laissant un garage absolument délabré.

De mon côté, de savoir que mon moteur de piscine se retrouve près de ma tondeuse me soulage. Moi qui croyais que c’était un bric-à-brac, ça m’allège le cœur mais pas celui de l’épouse. Même si nous disons que « quand on se compare on se console » ce n’est pas l’avis de l’épouse qui, malgré le fouillis des gens du quartier dans leur garage, trouve que le nôtre fait dur en gériboire.

Ce fait se veut un point de rupture chez bien des couples. De savoir si le garage est praticable ou non peut entrainer des conflits d’une intensité incommensurable. Si de mon point de vue le garage se veut dans un état satisfaisant et aéré, pour elle, la disposition des items pourrait être nettement mieux.  

En ayant comme trame sonore le nouvel album de Witch Vomit, je me suis mis à penser que dans ce groupe, il y avait aussi un couple. Effectivement, la guitariste Casey Lynch est en relation avec le chanteur et guitariste de Witch Vomit, Tony Thomas. Tout en écoutant Funeral Sanctum, cette toute nouvelle galette en dirigeant mon regard vers les portes de garage ouvertes avec des quantités astronomiques de boîtes qui débordaient, de décorations de noël empilées et des bicyclettes entrecroisées aux pneus dégonflés, mes pensées étaient dirigées vers les discussions que peuvent avoir les couples face à l’utilisation du garage.

Même les couples qui œuvrent dans le death metal.

Étant donné que mon focus n’était pas sur les pièces qui composent cet album car je m’attardais trop aux garages croisés sur mon chemin, je n’étais pas friand de ma première session d’écoute. Je n’aimais pas le tone de la guitare, je trouvais le tout trop comme Incantation, trop comme Immolation et je trouvais les percussions trop molles.

De retour à la maison, je me suis dit que ce n’étais pas normal, étant donné que j’avais grandement apprécié l’album précédent. Je me suis donc installé dans le salon, écouteurs sur la tête et j’ai continué la lecture de mon Decibel, tout en faisant une écoute additionnelle de ce troisième album de Witch Vomit.  

C’est exactement ce que je me devais de faire, mon esprit n’était pas assez focussé sur cet album, je pouvais maintenant l’apprécier beaucoup plus. Oui, les références à Incantation et Immolation demeurent mais en même temps, j’ai compris le ton de guitare vieille école et que les percussions sont ainsi car Witch Vomit propose ce petit côté sloppy, justement. Cette deuxième écoute se voulait satisfaisante, je suis donc passé à une troisième et je dois avouer que l’album ne m’a pas quitté depuis.

Généralement, je ne suis pas friand des introductions sur les albums metal. J’aime bien celle sur Hell Awaits de Slayer mais bien souvent, je les trouve inutiles sauf lorsqu’elles servent la cause de l’album. Avec Dying Embers et ses guitares qui montent en crescendo pour laisser place à un coup de semonce qui arrive comme le pop d’une bouteille de champagne, cela m’interpelle pas mal! C’est avec une pétarade certaine qu’Endless Fall débute, avec un essaim d’abeilles aux guitares et un souffle de voix ténébreux.

Je remarque aisément que Witch Vomit offre des transitions efficaces sur cette chanson, phénomène qui prend de l’amplitude tout au long de l’expérience sulfurique qu’est cet album. La roulade aux tambours qui ouvre Blood of Abomination est suivie par un lead de guitare qui rappelle les premiers jours du style et l’agression musicale propose des élans qui me remettent Unleashed en tête.

Si Serpentine Shadows se veut plus abyssale dans son approche, la touche ultimement death métallique reprend avec Decaying Angelic Flesh tandis que c’est un retour en territoire saccagé avec Black Wings of Desolation, Dominion of a Darkened Realm et Endarkened Spirits qui se jette dans l’interlude qu’est Abject Silence, qui possède des airs me rappelant les introductions que nous retrouvons sur les albums de Kreator. Pour finir l’album Funeral Sanctum, Witch Vomit ferme ce livre avec la chanson titre, ce qui se veut un gros coup de barre plutôt poisseux, question de te garder les oreilles bien molles.      

De mon côté, je me suis rappelé qu’à la base, de comparer l’état de mon garage avec lui des gens de mon voisinage n’était pas la bonne façon d’écouter un album de Witch Vomit et que cela faisait très voisin gonflable. J’en suis aussi venu à la conclusion que le couple composé de Casey Lynch et de Tommy Thomas n’avait probablement pas ce genre de réflexion face à l’état de leur garage parce que ce dernier est sûrement utilisé comme local de répétition pour Witch Vomit...

Disponible le 5 avril sur 20 Buck Spin Records.

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Photo : Kendra Farber