Je vous racontais, il y a de cela quelques billets de blogue, que depuis un bout de temps, c’est plutôt difficile au boulot. J’ai dû remonter à l’étage pour combler un poste d’enseignant, ce qui fait que je porte deux chapeaux en étant directeur et enseignant. Par contre, le tout se fait bien, je suis brûlé que le bazwell le soir mais je trouve, tout de même, le temps d’aller voir des concerts, m’occuper de ce que je dois m’occuper et tondre ma pelouse. Mais il arrive que le vent tourne pour nous rappeler que le positivisme est toujours possible.

Effectivement, on me dit de nature positive. En ayant une période plus grisâtre, je me devais d’avoir la trame sonore qui venait avec. Voilà qu’apparait la nouveauté du groupe de Québec Apes, nouvelle production du nom de Penitence. Oui, comme dans l’expression : « Tu es en pénitence, dans le coin! » que nos parents nous disaient, dans le temps. Du moins, pour les gens de Chicoutimi…

Penitence a imprégné une image précise face à ce qui se passe dans ma vie. Un soupçon d’épuisement, le fait de me sentir tiré à gauche et à droite, de ne plus savoir où donner de la tête. La rage dégagée par cet album est venue me prendre par le collet, l’effet moribond des pièces m’a claqué sur les babines un brin. Penitence a eu un effet bénéfique sur moi, comme un catalyseur qui m’a permis de me sortir la tête du derrière.

Lors de la longue fin de semaine des Patriotes (celle où nos amis de Desjardins croyaient que c’était une fête dans laquelle nous devions nous enrouler dans un unifolié) je me suis tapé l’album du samedi au lundi, tout en tondant pelouse et/ou faisant le nécessaire pour ouvrir la piscine familiale. Trame sonore parfaite, j’ai grandement apprécié les arrangements qui se retrouvent sur cet album. L’écoutant avec des écouteurs sur les oreilles, je faisais énormément de focus sur ce qui était ajouté au niveau sonore. Penitence me ramenait le sourire aux lèvres, sous un soleil de plomb. 

Ce groupe a trois guitaristes. J’avais l’impression que pendant qu’il y en a deux qui détruisent tout, un autre se permet de créer des sons d’ambiance. Je ne crois pas que tout cela provienne d’un clavier quelconque, du moins je l’espère…

J’ai tellement apprécié les arrangements subtils sur Penitence que je me suis mis en mode comparaison. Je me demandais à quoi cela me faisait penser. J’ai allumé après une réflexion plutôt courte : À Deftones!

Non, Apes n’a rien à voir avec la formation américaine, c’est plutôt que les arrangements sont servis avec la même finesse, les mêmes subtilités. Étrangement, je me suis tapé du Deftones jusqu’à jeudi…

Penitence est donc revenu dans mes habitudes d’écoute jeudi et ce, avec plaisir. Positivisme de retour, c’est avec Coffin que je me suis remis dedans. Pièce qui ouvre l’album après une légère introduction, l’explosivité arrive par la suite avec un barrage grindé qui va prendre une nouvelle tournure avec une parcelle atmosphérique de guitare, nous laissant un effet vrombissant dans l’oreille, le tout accentué par une voix criarde qui entre en dualité avec celle d’Alexandre Goulet qui se veut plus Greenwayienne. Pièce de type maniaco-dépressive, elle se veut autant acrimonieuse que scintillante, la preuve étant la partie aux grosses guitares à la Hatebreed, vers la fin… qui se dirigera avec un effet sonore, tel un fond d’eau dans l’évier après une vaisselle bien exécutée et surtout, bien propre.

J’ai le poil sur les bras qui m’a levé et le tout va se poursuivre sur The Great Fire. Une fois de plus, c’est maniaco-dépressif en cibole. Apes alterne entre le punitif en ouverture pour ensuite te maintenir la tête sous l’eau avec un roulement sur les deux bass-drums, question de mieux te noyer ensuite dans une tonitruance black métallique. Goulet hurle la rage, on ressent ce qu’il tente d’évacuer et au niveau musical, on demeure surtout dans la parcelle huileuse d’une sonorité juste assez claire mais totalement malsaine.

Juste avant Shadow Walker, j’entends ma fille qui ouvre la porte de la maison car nous devons aller pour son permis de conduire de type probatoire. J’ai le sourire aux lèvres, ce sera un grand moment pour elle. Direction Repentigny pour la SAAQ, dans ce centre de service avec son ambiance glauque qui vaut toute la déprime du monde. Le taux d’absentéisme et les départs pour épuisement sont probablement nombreux là-bas, comme dans nos écoles québécoises… Après avoir fait tout le fling-flang requis et le permis confirmé, il était temps d’aller fêter cela!

Mon héritière a arrêté son choix sur le restaurant St-Hubert. Qui dit bonne humeur et succès, dit aussi poulet BBQ! Je me commande une pinte de Goose Island et ma fille un Shirley Temple, et nous trinquons. Le positivisme est visible sur nos visages! Maintes discussions ont lieu jusqu’à ce que la dame au service nous interrompe pour nous offrir un billet de la loterie St-Hubert. À deux dollars, j’en prends un! L’honneur revient donc à ma fille de gratter et à notre grande surprise, nous gagnons 500$ en carte-cadeau de notre rôtisserie préférée. Cholestérol à profusion, c’est la chance qui me sourit et cette continuité de positivisme continue!

Samedi matin, je suis debout très tôt et mon 6 kilomètres de marche se déroule assez bien. C’est une température agréable, ni trop chaud ni trop froid et je me reclanche Penitence d’Apes, que j’ai même le temps d’entendre quatre fois de suite. Avec l’effet essaim de guêpes qui me bourdonne dans le casque d’écoute, Shadow Walker demeure une pièce compacte, impressionnante même. Avec son mur de percussions noircies lors des premiers pas, Apes récidive avec un mur de guitares prodigieux mais excessivement vicieux qui coule vers une parcelle plus affligeante.

Closure propulse immédiatement la semence bien noire du groupe et une fois de plus, une transition bien musclée vient t’éclater dans les oreilles. Mon pas s’accélère, mon rythme cardiaque aussi. Le pas léger, je me dirige vers Echoes et Bottom Feeder. Apes poursuit sa production de grosses tounes avec le moule utilisé depuis le début de Penitence, et j’en suis comblé.

Plus introspective, la pièce titre se veut remplie de (encore plus?) d’angoisse et de déchirement. La cadence noircie demeure plus consternante et nous ne retrouvons pas cette explosion pratiquement unificatrice sur celle-ci, ce qui en fait le morceau le plus « lourd » du lot. Pendant mon écoute de la chanson finale qu’est Pillars, mon cellulaire vibre, m’annonçant qu’un message sur Messenger vient d’entrer.

Je vérifie et c’est dans la boîte de messages pour ArsMediaQc, votre média métallique préféré. C’était un message de la part d’Alexandre Goulet, chanteur chez Apes, qui m’offrait la copie promotionnelle de Penitence pour que je puisse en faire l’analyse! Quel drôle de hasard, lui écris-je, car j’étais JUSTEMENT en train d’écouter cet album, l’ayant reçu de leur relationniste de presse, aux États-Unis.

Des moments comme ça me remettent le sourire sur mon faciès de quarantenaire. Cet évènement tiré du hasard me confirmait que je venais de vivre une semaine remplie de chance et que le positivisme se voulait de retour pour moi. Après ma marche, j’ai sauté dans la douche car je devais me rendre chez le barbier. Ayant une image de directeur à cultiver, je me dois d’avoir un look propret et non pas avoir l’air d’un grichou.

Après cette coupe «barbe et cheveux», j’ai sauté dans ma rutilante Yaris, en écoutant encore Penitence d’Apes. Je me suis dirigé vers les Galeries Terrebonne, pour acheter un bouquin de Patrick Sénécal mais surtout, pour me rendre au comptoir Loto-Québec car une semaine de veinard ne peut qu’être complété avec un 6/49!

En tapant cette série de mots, je peux vous confirmer que j’ai gagné une participation gratuite au tirage du samedi mais ce que j’ai réellement gagné est un retour au positivisme, en plus d’avoir trouvé mon album de l’année 2024 pour les productions locales!

Disponible le 14 juin sur Secret Swarm Records.

www.facebook.com/apesqc

Photo : Tom Morin