Je me lève tôt, très tôt. C’est aux environs de 4h45 que je me réveille. Je me dirige avec précaution dans la salle de bain, pour ne pas réveiller la maisonnée, et j’enfile ma tenue plus sportive, question d’être bien confortable lorsque j’irai marcher sur le tapis pendant quelques minutes. Je fais le tout à une vitesse qui te fait pomper la patate, aucun doute là-dessus. Après cet exercice ravigotant, c’est la douche et lorsque je redescends à la cuisine, je termine les Grands Titres au 98.5 FM et j’attends patiemment l’arrivée de Paul Arcand à 5h30.

Mais le tout de table de Paul achève. Effectivement, après plus d’une trentaine d’années, Paul Arcand prend sa retraite de l’émission matinale et ce sera Patrick Lagacé, dès le mois d’août. Habitué à sa voix, car je me tape son retour à la maison au même réseau, je vois son arrivée avec positivisme.

Je sens que Lagacé fera la job, il ne sera pas juste un substitut, il va pouvoir imposer son style tout en gardant la ligne directrice d’Arcand car il ne faut pas trop déstabiliser les auditeurs qui se veulent fidèles depuis des années. Dans le domaine métallique, nous pouvons assister au même phénomène.

Effectivement, nous avons souvent des formations qui offrent la même sonorité que le groupe X tout en personnalisant le tout, légèrement, pour pouvoir nager dans les mêmes eaux et attirer une partie des fans du groupe X. Cette façon de faire est à la base de nombreuses formations qui ont été en mesure de se bâtir une carrière avec cette façon de faire pour ensuite, y aller avec quelques doses d’originalité.

Vous pouvez penser à Avenged Sevenfold si vous le voulez. Ou Thulcandra.

Avec la formation belge Hippotraktor, on entend clairement des effluves similaires à The Ocean, surtout dans les parties musicales plus douces. Sur leur nouvel album Stasis, on sent une forte influence mais au lieu de parler de trucs en relation avec les origines de la vie sur Terre, Hippotraktor parle de la nature humaine.

Et tant qu’à se retrouver dans la même sphère musicale que The Ocean, Hippotraktor est aussi signé sur le label du guitariste de The Ocean, Pelegic Records!

Descent débute cet album, les guitares sont lourdes et on entend qu’il y a probablement plus que 6 cordes sur leurs instruments. La voix est acerbe, les percussions précises et la basse suit les impulsions. La portion chantée en mode clair nous indique justement que nous serons en écoute d’un truc progressif, très varié et d’avoir cette variété en ouverture confirme que le périple musical sera riche.

Avec Echoes, Hippotraktor y va plus en douceur. La guitare est ouverte avec des sous-couches spatiales pour ensuite plonger vers le croustillant. C’est captivant, on embarque, on change de registre rapidement mais avec aisance, le tout se fait avec une fusion qui semble parfaite. Je n’en suis qu’à la deuxième pièce et déjà, je sens la richesse chez cette formation qui me propose un enregistrement varié, complexe et qui enligne de nombreux rebondissements.

Sur Silver Tongue, c’est plus fondu au nouveau sonore, comme si les instruments venaient de s’offrir un tour dans le fourneau à broil. C’est une pièce plus adipeuse, plus douce au niveau de la voix avec des portions plus pincées. Ensuite, Renegade redonne du muscle à cet album. La roulade aux percussions offerte en ouverte se verse dans une attaque en règle pour ensuite replonger l’auditeur dans une série de pincements sonores.

Hippotraktor continue son yoyo par la suite, sur les trois pièces suivantes et le stratagème progressif est d’une efficacité considérable. Alternant entre opacité et éclaircissement, les musiciens nous tiennent en haleine tout au long de l’écoute de cet album qu’est Stasis.    

Sonorité moderne, Hippotraktor est une formation de type passe-partout qui peut donc plaire aux amateurs de plusieurs sous-couches métalliques, mais peut-être pas à tous les amateurs de shows du matin du 98.5 FM! 

Disponible le 7 juin sur Pelagic Records.

www.facebook.com/hippotraktorband/

Photo : Sam Coussens