Je suis un conducteur depuis plus de 30 ans. Par contre, je n’en suis qu’à ma troisième voiture, ce qui fait de moi quelqu’un qui ne tripe pas sur les chars, je garde mes véhicules longtemps, mais je ne néglige jamais les entretiens. Gens de la grande région de Montréal, on vient de nous en passer une belle avec une augmentation de 150% pour les droits d’immatriculation. Si vous avez vu la réaction du maire de Deux-Montagnes, vous deviez avoir le goût de smasher votre écran de télé ou votre cellulaire, tout dépendant de votre surface d’information préférée/utilisée. 

Tout coûte plus cher, ceci est un fait et les salaires n’augmentent pas au même rythme. De voir que les maires de la grande région métropolitaine aient voté cette augmentation « à contre-cœur » se veut une véritable farce. Comme le disait notre Premier Ministre Legault, les maires se comportent comme des quêteux pour quémander de l’argent au gouvernement. Quand tu ne reçois pas d’une main, tu vas chercher dans une autre…

Et cette autre, c’est la nôtre. Est-ce que l’augmentation des droits d’immatriculation fera en sorte que de nombreux conducteurs délaisseront leur véhicule? Ceci ne me déplairait pas, étant donné que les conducteurs québécois conduisent de plus en plus mal. Et je ne vous parle pas de l’état de nos routes.

Depuis que je suis dans la grande région montréalaise, je remarque que le clignotant est très souvent, inutilisé et la conduite, dangereuse. Encore hier, un conducteur a doublé une série de voitures par la voie d’accotement, laissant aller un doigt central bien visible de sa part. Lorsqu’il s’est mis dans la voie de droite, je me suis retrouvé à ses côtés, il m’a refait un finger, tout en filmant le tout, cellulaire en main.

Moi, je lui ai fait un pouce vers le haut…

Les gens sont enragés au volant, les doigts d’honneur se lèvent et les engueulades sont choses courantes. De nombreux conducteurs coupent à la dernière seconde et sur les autoroutes, les gens collent au derrière et ont le pied pesant, la pédale au plancher, faisant fi de la sécurité routière.

Il est fréquent que, sur un arrêt obligatoire, deux conducteurs me fassent signe de tourner car ils attendent pour pouvoir faire la course, tout ça sur des rues terrebonnoises à la limite de 50 km/h. Quand j’entends une rutilante voiture au silencieux modifié doubler tout le monde sur l’autoroute bondé vers 6h17 le matin, avec au volant un conducteur au capuchon, je me demande s’il est intoxiqué, en crisse face au prix de l’essence, maniaque de Fast & Furious ou en train d’écouter du Fu Manchu

Une fois de plus, sur leur nouvel album, le groupe américain donne envie de conduire sa voiture comme un vrai déchainé. Dès que j’ai découvert ce groupe avec le clip pour Asphalt Rising, je savais que cette formation était en place pour créer des hymnes de vitesse en bolide. J’avais acheté l’album In Search Of… sur lequel nous pouvions y voir deux voitures qui s’apprêtent à faire la course, attendant le signal venant d’une charmante demoiselle qui doit laisser tomber un léger foulard.

Sur The Return of Tomorrow, tu as encore le goût de prendre ton pick-up, de le conduire en bédaine avec la musique dans le piton. La chanson Dehumanize donne le ton, ça sent les émanations de muffler, le petit sapin odorant sur le rétroviseur et les sièges en cuir chauffé par un soleil brûlant. Le tout se transporte sur Lochness Wrecking Machine qui te permet de rouler dans le pit de bouette de St-Jean-Vianney pour ensuite laver les dégâts avec la hose, dans ton driveway.  

Hands of the Zodiac sonne comme une pub de Dodge Ram. Lorsque Scott Hill se met à chanter, tu demeures surpris car tu t’attendais à une boutade vantant les mérites du Ram, venant de la part de Dan Bigras. La pièce Haze the Hides amène une parcelle sonore plus étouffante, plus doom face à ce début d’album. Le riff est gras, les effusions percussives balourdes et il y a même une cloche à vache pour taper la mesure.

Malgré le côté simpliste qui pourrait en découler, il faut noter que les musiciens de Fu Manchu sont d’habiles techniciens. Les solos sont précis, la basse est inventive et les riffs restent le moteur du groupe. Roads of the Lowly est un bon exemple, avec son attitude à tout rompre mais avec des ponts musicaux qui créent des liens précis, on passe de la vitesse à l’anéantissement stoner, un solo bouillonnant pour finir sans ressentir de chocs au niveau de bumps sur la route car le bolide de Fu Manchu tient la route!

Le groupe demeure dynamique avec (Time is) Pulling You Under et Destroyin’ Light mais demeure plus introspectif sur Lifetime Waiting. Plus pausé comme morceau avec une approche plus susurrée, elle passe bien en mode écoute au salon quoique sur l’autoroute pour te rendre à la destination X, tu la skippes. Même chose avec What I Need, qui demeure la pièce la plus moelleuse du lot et que j’aurais préféré avoir pour finir l’album ou en pièce bonus sur une édition spéciale car elle casse le moule un brin.

La chanson Solar Baptized est celle qui permet à la basse de s’imposer, la chanson titre a vraiment un groove très années ’70 avec son riff très concis, qui te tient éveillé et Liquify est la chanson de «gros panel de type boite à fesses» avec son groove funky, permet de hocher de la tête tout en tenant le volant du panel, avec de la moquette, bien serré!

Finale psychédélique avec High Tide, il faut s’y attendre avec un groupe comme Fu Manchu qui, une fois de plus, propose ce à quoi nous nous attendons d’eux : de la musique de char pour amateur de bières et probablement fumeur de cannabis, de temps à autre. Ce qui fait que lorsque le groupe tente des escapades plus précises ou introspectives qui sentent la même chose que le veston de Otto Mann, nous sommes déstabilisés car avec Fu Manchu, il faut que ça sente surtout, le fuel!

Et heureusement, sur ce nouvel album qu’est The Return of Tomorrow, ça sent plus le fuel que le weed!

Disponible le 14 juin sur At the Dojo Records.

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