J’ai découvert ce groupe alors que Ruby the Hatchet ouvrait pour Kadavar, aux Foufs, lors de cette période où nous sentions que le monde s’en allait à la dérive. Le monde, mais ailleurs sur Terre. Pas ici. Nous étions en béton ici, impossible que ce satané virus nous vole nos libertés d’aller voir des concerts. Le 15 décembre 2019, nous étions immortels et l’envoutante Jillian Taylor nous tenait par le bout du nez, sur la scène des Foufs.

Avec des élans très rock des années ’70, nous sentions que le groupe se voulait parfait pour ouvrir pour Kadavar. Une touche de Sabbath, une teinte de Pourpre Profond et un grain d’Uriah Heep, nous étions en mode nostalgie et l’emprise du groupe se voulait totale. Cette chanteuse avait la ferme intention de nous amener dans son chemin, vers sa contrée. Un voyage dans le temps, excessivement enjôleur. Après leur prestation, je me suis dirigé vers leur table de merch pour acheter leur plus récent album, Planetary Space Child, sorti en 2017.

En le déposant sur ma platine le lendemain, je me suis vautré dans mon divan mauve pour regarder la pochette, rituel habituel des amateurs de vinyles. En faisant la lecture, je me suis rendu compte que Ruby the Hatchet avait enregistré cet album en monde « live », dans le studio. Le sentiment enivrant vécu lors du concert venait de se transposer dans mon salon car ce que j’avais vu et entendu aux Foufs se retrouvait directement dans mes oreilles.  

Les formations de cet acabit préfèrent enregistrer leur album comme étant « en direct », ce qui rend justice à leurs prestations.

En 2022, le groupe propose sa nouvelle production sonore. Comme de raison, Ruby the Hatchet a eu le temps de peaufiner le tout pendant les deux années de fermeture temporelle et avec Fear is a Cruel Master, on reprend là où les musiciens nous avaient laissés avec l’album précédent.

Veste de jeans et souliers plateforme

Un rock psychédélique qui ne respire aucunement le modernisme nous est servi sur cet album. Un hard rock pouilleux mais rempli de parfum de patchouli est perceptible tout au long de l’écoute. De mon côté, préférant lorsque le boogie woogie me permet de taper du pied, je préfère les pièces au tempo plus affriolant que contemplatif.

Lors de ma première écoute, j’étais certain que la chanson, The Change, était une reprise d’un autre groupe. Cette chanson me disait vraiment de quoi. Mais de qui? Sabbath? Purple? Joplin? Non, Le plus sérieusement du monde, j’étais certain que cette chanson était une pièce de Foo Fighters. La cadence rapide et l’attaque proposée me faisait penser à la troupe de Grohl mais non, ce n’est que l’enthousiasme musical du groupe.

Expérience voluptueuse qu’est Fear is a Cruel Master. Avec des chansons comme Soothsayer et sa basse sensuelle, Deceiver avec son clavier hypnotique et le groove chaleureux de Primitive Man, nous embarquons amplement dans le délire psychédélique de Ruby the Hatchet.

Par contre, lorsque le tout devient plus feutré musicalement, comme sur 1000 Years et Last Saga, je me sens moins interpellé.

Disponible le 21 octobre sur Magnetic Eye Records.

http://www.rubythehatchet.com/