Il est 5H12, en cette matinée du 20 janvier 2025. C’est celle de mon anniversaire, je suis en train de siroter un café, un capuccino. Comme à chaque matin, depuis des années. Ce matin, c’est différent car je change de dizaine. Je me retrouve dans le club des 50 ans. C’est le matin, au 98.5 FM, on parle de la vague de froid qui va couvrir le Québec et comme de raison, on nous donne des conseils face au fait d’abaisser notre consommation électrique pour ne pas créer de pointe de consommation en cette période de « vortex polaire ». Par contre, ce qui est le plus discuté (et ce qui cause de l’anxiété chez bien des gens) est l’investiture de Donald Trump qui aura lieu, aujourd’hui.

D’ici à ce que je publie ce texte, donc d’ici probablement deux à trois jours, nous pourrons savoir si ceci n’était qu’un show boucane ou si le bonhomme à véritablement l’intention d’y aller à pleine vapeur avec ses menaces. Tout cela fait que l’essentiel pour moi semble dévié. Je ne pense pas à mon anniversaire. De plus, les performances des Canadiens et mon soudain intérêt pour le football américain font que j’ai l’esprit plus vaporeux face à mon changement au niveau des dizaines.

Face à mon adhésion à la FADOQ, aussi. Je me demande aussi si c’est encore pertinent d’écrire sur le metal. Est-ce pertinent qu’un homme de 50 ans prenne le temps d’analyser des groupes métalliques pour votre bon plaisir? Ce n’est pas la job des jeunes, de le faire? De la façon que je le propose, c’est-à-dire à l’écrit, je comprends que c’est là que le ragoût pogne dans le fond de la marmite. 

Le fait d’écrire des articles métalliques demeure un art qui se dirige vers les oubliettes. Par contre, à 50 ans, j’en ai encore besoin. C’est ce qui me tient sain d’esprit, avec quelques autres items de la vie, et ça demeure essentiel de produire ce genre d’exercice métalloïde.

D’autres qui ont besoin de faire un autre type d’exercice demeure les membres de Sarkasm. Cette formation québécoise est de retour depuis 2019 et c’est en 2023 que le groupe a lancé son premier album, après plus de trois décennies d’existence mais avec quelques trous, un peu partout. On s’entend que tous les messieurs de Sarkasm sont passés à autre chose. Ils ont des emplois, probablement une progéniture, les épouses et l’hypothèque qui vient avec.

Et une passion qui ne peut s’éteindre face à un death metal de la vieille école mais qui demeure teinté de modernité. Oui, les gars auraient probablement autre chose à faire que de « death metaller » dans le sous-sol de l’un des membres du groupe mais heureusement, ils continuent de battre la chamade. Sur ce deuxième album, on peut même le dire sarcastiquement : la ligue du vieux poêle n’a rien à envier face au contingent jeunesse!

Après quelques écoutes, je me suis fait le constat suivant : chaque chanson aurait pu être celle qui débute l’album étant donné que tout le matériel qui se retrouve sur Carnival of Atrocities se veut de qualité. Sarkasm a décidé de starter le bal avec I Am Chaos, un gros morceau aux gros chunks. La voix de Bruno Bernier est encore solide et relève le même côté acerbe que Tom Angelripper de Sodom.

Ensuite, Murmurs From the Void propose un refrain plutôt accrocheur, le tout bien ficelé entre de nombreuses transitions musicales qui rendent ce morceau plutôt riche. C’est une roulade aux percussions qui attire l’oreille sur Echoes of Hyperion. La sonorité de la basse se veut claquante sur cette pièce, elle retentissait fortement dans mes écouteurs en plus de la série de bourdonnements aux guitares qui sont en fusion avec un tapochage sur la caisse-claire, question de donner à cette pièce un moment d’hyperactivité. 

C’est pratiquement un riff à la Gary Holt qui ouvre Disintegrate quoique par la suite, on revient en mode death metal. Mouvements saccadés pour poursuivre, on entend parfaitement chaque instrument en mode attaque, gracieuseté d’une production juste assez sale mais juste assez proprette de Maxime Lacroix, guitariste aussi chez Blind Witness.  Pour être franc, j’étais certain que cet album était une production de Pierre Rémillard d’Obliveon mais je suis agréablement surpris du travail de Lacroix.

C’est lui qui avait enregistré les percussions sur l’album précédent et que le groupe lui ait offert la production de ce nouvel album démontre qu’ils ont confiance en Lacroix qui, lentement mais sûrement, est en train de se tailler en nom au Québec. Au niveau du mastering, Sarkasm a fait comme Spirit of Rebellion en se payant les services de l’extraordinaire Dan Swanö (Edge of Sanity, Bloodbath et autres!) pour cette tâche d’une importance capitale.

Cold Empty Rooms et Hateful, Spiteful, Vengeful poursuivent cet album mais ensuite, c’est Ex Humbris, chanson la plus solide de l’album. Avec son introduction qui se veut agréable pour le genre, c’est vraiment avec le riff de transition que tu prends ton plaisir métallique. Je dois avouer que cette partie me rappelait Obliveon pour sa consistance et l’effet de voix en arrière-plan. Après cette portion, on tape en mode galopade, festival du oui-oui de la caboche, question de se diriger vers la finale qu’est Dead Weight.           

Guitares bourdonnantes en ouverture, on reprend ensuite avec une mitraille de grosses caisses et un cri de Bernier. Retour en mode death metal, c’est punitif mais pas excessif, le tout demeure ouvert comme jeu et Sarkasm nous termine le tout sur un fade out… question de bien reprendre la visite en réécoutant cet album de 36 minutes qui passe, rapidement!

De mon côté, j’ai pu terminer ce texte lors du mardi 21 janvier, au lendemain du salut douteux d’Elon Musk qui manquait de subtilité et les centaines de signatures de Trump face aux décrets. Effectivement, le froid extrême a fait que le système électrique du quartier Ahuntsic n’a pas tenu le coup, je me suis retrouvé à la maison à tapocher sur le clavier, pour finir ce dossier.

Pour ce qui est de Sarkasm, mission accomplie avec ce second album qui nous confirme que l’âge d’or ne dort pas et que les rabais offerts par leur carte de la FADOQ doivent être pour profiter du rabais sur l’Antiphlogistine pour se masser la base du cou après avoir fait autant de mouvements de tête en produisant les 8 pièces de l’album.     

En regardant de nouveau le titre de cet album de Sarkasm qu’est Carnival of Atrocities, je ne peux m’empêcher de faire un parallèle avec ce qui risque d’arriver aux USA, surtout qu’après une seule journée, le tout semble être parti pour être un véritable carnaval.

Reste à savoir si ce sera atroce ou tout simplement, clownesque…

Disponible le 4 février sur XTreem Music.

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