C’est jeudi matin et je sais que ce soir, je m’enligne pour voir et entendre Voïvod avec l’Orchestre Symphonique. Je sais que ce sera grandiose car c’est Voïvod mais aussi parce qu’en allant sur les réseaux sociaux, j’ai regardé quelques vidéos (2, car je voulais garder un effet secret…) par pure curiosité. Après avoir écouté le nouvel album d’Obscura durant la fin de semaine, je me suis dit qu’il fallait que je me mette au clavier pour taper mon billet de blogue sur Obscura car je n’aurai pas la tête et l’esprit à autre chose que cette prestation (deuxième sur un total de deux!) que nous pouvons qualifier d’historique, de la formation québécoise avec un orchestre symphonique. 

Rares sont les formations métalliques qui peuvent se vanter d’avoir cet immense privilège de jouer avec un orchestre symphonique sur scène, en concert. Comme de raison, Metallica l’a proposé mais il y a d’autres formations qui ont pu le faire comme Dimmu Borgir, Scorpions et Yngwie Malmsteen. Mais d’avoir Voïvod et leur metal spatial, c’est… spécial!

Désolé pour la rimette facile mais je me devais de la faire! Une formation qui pourrait le faire aussi mais dans la facette death métallique technique pourrait être Obscura. Effectivement, ce groupe allemand est technique, progressif et excessivement précis, ce qui serait déjà un avantage face à une prestation avec un orchestre symphonique. Ce ne sont pas tous les groupes death metal qui pourraient s’exécuter avec un orchestre symphonique mais sachant que le leader du groupe, Steffen Kummerer, est un maniaque de technicité, cela pourrait rendre le projet faisable.

Je dois avouer que je n’ai jamais vraiment embarqué dans le death metal d’Obscura, c’est vraiment avec cet album qu’est A Sonication, que j’adhère au son. Est-ce parce que je suis dans une sphère de metal précis avec l’anticipation Voïvodienne? C’est possible. 

À l’écoute initiale, j’entendais la basse pimpante sur Silver Linings. J’étais certain que la guitare allait compenser au niveau technicité pour prouver que le groupe en est un axé sur la guitare. Mais non, la pièce en est une fichtrement bien baraquée. Ce n’est pas un festival de râpage face au nombre de notes jouées à la seconde. C’est bien un morceau de death metal technique où la basse se veut bien audible.

Agréablement surpris, je poursuis avec Evenfall qui offre une introduction à la basse, bien touffue. Les mesures qui suivent se veulent lourdes, un tantinet épique et je suis surpris. La voix serpentaire me plait vraiment et je suis en train de me dire que je vais devoir repasser la discographie car j’ai vraiment l’impression d’être passé à côté d’une formation qui pourrait me satisfaire si le reste du catalogue se veut aussi balancé. Balourde, cette chanson laisse un léger filet lumineux, surtout grâce aux leads de guitare qui se veulent, bien ficelés.

In Solitude est un morceau plus actif et rapide. Technique, c’est le genre de pièce qui permet d’impressionner les musiciens et c’est ce qui me remet en tête mes tentatives précédentes face à Obscura et le pourquoi je n’embarquais point. Les percussions sont mise à l’épreuve, c’est mathématique et beaucoup plus dans la sphère que j’apprécie un peu moins du groupe sauf que… oh, fudge… un instant!

Il y a alternance dans le style vocal de Kummerer? Depuis le début de l’album, il est plus serpentaire mais il abaisse sa gorge pour produire une voix death metal encore plus grasse. Là, je viens d’augmenter mon appréciation de quelques notes additionnelles. Est-ce que cette façon de gueuler est unique sur l’album? Pas du tout car sur la suivante, The Prolonging, c’est dans le gras huileux mais excessivement audible qu’il attaque dès les premières dizaines de secondes.

Je suis convaincu, j’ouvre une page web additionnelle pour me commander le vinyle… C’est la moitié de l’album et j’en suis en mode satisfaction ultime, le reste sera donc du bonus pour moi et je l’espère, pour vous aussi.

Par pur professionnalisme, je vais continuer mon billet de blogue, surtout que la pièce suivante, Beyond the Seventh Sun, est une instrumentale sublime qui ferait même taper du pied un Dave Mustaine lors d’une journée où il ne bougonne pas trop et ferait sourire un Chuck Schuldiner, les bras croisés. Justesse et haute voltige, basse douillette et guitare acoustique, c’est un pur plaisir pour les oreilles!

Ensuite, les pièces que sont Stardust et la finale qu’est A Sonication sont deux bonnes chansons mais celle qui demeure le point tournant face à ce septième album d’Obscura est The Sun Eater. Elle baigne dans la pesanteur, les cordes des guitares semblent être imbibées par la poussière d’un trou noir intersidéral et la voix de Kummerer alterne entre la parcelle acerbe et celle de l’aboutissement le plus annihilant. Cette chanson est venue me cueillir avec conviction, comme un gars qui revient de la job le jour de la St-Valentin et qui pogne un bouquet de fleurs de la main gauche pour l’épouse tandis que dans la droite, il tient un 4 pack de canettes du Trou du Diable.  

Je ne m’attendais pas à être renversé de la sorte par cet album et surtout par ce groupe que j’ai boudé pendant quelques années. Me connaissant, je vais repasser la discographie dans les prochains jours et je pourrai ainsi comprendre où était le point de friction.

En attendant, A Sonication d’Obscura est un album qui me permet de retomber sur Terre. Je termine ce texte en ce samedi 1er février et c’est cet album qui me permet de débarquer de mon nuage buzzant face à Voïvod Symphonique car c’était un moment grandiose.

Par le fait même, gens de l’Orchestre Philharmonique de Berlin, Obscura Symphonische, c’est dans vos plans?

Disponible le 7 février sur Nuclear Blast Records.

www.facebook.com/RealmOfObscura

Photo : Grzegorz Gołębiowski