Lors de la fin de semaine de l’Action de Grâce, nous avons tous notre rituel. Des tâches à effectuer, question de bien préparer l’arrivée de l’hiver. Une dernière tondeuse si tu as été négligeant, on teste la souffleuse, on corde le bois, on ferme la piscine et on range les meubles de patio mais on ne range pas le BBQ. Non, cet item peut être utilisé jusqu’en novembre et ce, aisément.

De mon bord, j’ai même sorti les 2X4’s que j’utilise pour monter ma patinoire. Passionné de hockey, mon fils aime bien donner une couple de coups de patin lors des journées où le dentier nous claque pas trop. Donc, de nombreuses tâches qui prennent de longues minutes et généralement, le tout se termine avec un feu, en fin de journée.

En 2022, j’aurai tout fait cela en écoutant le mini-album de Worm, Bluenothing. Avec une durée de 26 minutes, je confirme qu’il a tourné en boucle dans mes chastes oreilles automnales. C’est que j’avais bien apprécié l’album précédent, Foreverglade. Cette production se voulait lourde, remplie de pétoche, pour du black metal.

Ce qui m’a attiré immédiatement pour Bluenothing, autre que l’étincelante pochette où le bleu domine amplement, c’est la présence du nouveau membre de Worm, Wroth Septentrion. Ce pseudonyme ne te dit probablement rien mais si vous baignez amplement dans le metal obscur, vous savez que derrière ce sobriquet se cache l’incroyable guitariste Philippe Tougas, bien connu pour sa participation active avec des groupes comme Chthe’ilist, Atramentus et First Fragment.          

Ce mini-album marque les débuts de Wroth Septentrion avec Worm et je peux confirmer que c’est une entrée, fortement réussie. Si auparavant nous pouvions apprécier les performances musicales, on sent que le jeu habile, la richesse et les structures musicales sont grandement améliorés sur cette production.

Plus rien n’est bleu

La pièce titre ouvre Bluenothing. Guitare lointaine avec un effet d’écho, les claviers subtils de Phantom Slaughter se pointent, question d’accentuer l’ambiance. Tout à coup, un lead à la guitare survient, une acrobatie sur cet instrument à cordes qui impressionne grandement. La montée se voulait fulgurante, ne reste plus qu’à retomber avec des rythmiques pataudes, doomesques et funéraires, le tout vautré dans une voix caverneuse. Par la suite, on répète le plan avec une remontée, suivie d’une autre descente.

Tout cela, dans une maîtrise musicale impressionnante qui te maintient la tête au sol et les oreilles bien droites. Ton calvaire abyssal se poursuit avec Centuries Of Ooze II. Nul besoin de t’extirper de ta position, tu demeures sur l’herbage frais, le seul espoir demeurant la guitare étincelante qui s’impose sur les cadences funéraires.

L’instrumentale Invoking The Dragonmoon me rappelle la pièce Hypnosis de Testament. Cette pièce se voulait comme l’introduction pour Disciple of the Watch, pièce plus explosive mais qui se retrouvait avec une portion débordante de virtuosité. Les membres de Worm ont probablement eu le même genre d’idée pour introduire Shadowside Kingdom.

Par contre, cette dernière pièce n’est pas une explosive. Effectivement, cette pièce finale se veut plutôt une suite de la précédente, escalade à la guitare ambiante qui se dirige vers une voûte céleste de virtuosité Skolnickienne qui éclate dans un univers de black metal surfin, nous laissant une finale sur une guitare qui quitte, au loin.

J’ai vraiment l’impression que l’ajout de Wroth Septentrion à la guitare amène Worm vers une autre sphère métallique. Un jeu plus serré, une virtuosité beaucoup plus éclairée mais aucunement présomptueuse. Avec Bluenothing, ce «groupe» qu’est Worm risque d’attirer l’attention d’un plus gros label, étant donné l’évolution offerte avec ce mini-album.

Disponible le 28 octobre sur 20 Buck Spin Records.

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