On voit bien sur l’image ci-dessus la forme allongée des cônes de houblons Nelson Sauvin. Source de l’image : Pikimai Hops (https://www.pikimaihops.com/our-hops-1)


Introduction

Depuis déjà quelques années, les variétés de houblons se font de plus en plus nombreuses et diversifiées. Elles proviennent de différents producteurs un peu partout dans le monde et nous proposent des profils gustatifs plus surprenants les uns que les autres, au grand plaisir des brasseurs qui aiment expérimenter et des amateurs assoiffés de bières bien houblonnées.

J’avais envie de vous parler dans cet article précisément du houblon Nelson Sauvin, un cultivar originaire de la Nouvelle-Zélande que j’adore personnellement, mais qui semble parfois être un peu mal-aimé.


Qui est Nelson Sauvin?

L’appellation inusitée de ce houblon réfère d’abord à son lieu d’origine, dans la région de la ville de Nelson en Nouvelle-Zélande. Le terme « Sauvin » vient quant à lui du fait qu’on lui attribue souvent des arômes de sauvignon blanc (le cépage, le raisin à vin), tout simplement.

À noter : même si on indique que le Nelson Sauvin est un houblon néo-zélandais (l’endroit où il a été développé), celui qui est utilisé dans les bières dont nous avons accès provient bien souvent des États-Unis, de fermes telles que Yakima Valley Hops par exemple, sur la côte Ouest américaine.


Ma première bière avec Nelson Sauvin

En 2013, la microbrasserie La Barberie de Québec produit un brassin limité (3500 bouteilles) de sa Pale Ale Nelson Sauvin, une Pale Ale américaine houblonnée uniquement avec du Nelson Sauvin. À cette époque, les NEIPA ne faisaient pas encore partie du paysage brassicole (québécois du moins), et on recherchait toujours des bières de plus en plus aromatiques. Celle-ci se démarquait pour moi d’abord parce qu’elle était très parfumée et fruitée, mais aussi parce que ses arômes étaient assez originaux, dans un créneau alors dominé par les Cascade, Citra et autres Simcoe de ce monde. Une pénurie dans les houblons très prisés du moment a forcé les brasseurs à se tourner vers d’autres variétés. Même si le Nelson Sauvin a été développé dès le tournant des années 2000, ce n’est donc qu’aux alentours de 2013 qu’il est vraiment devenu plus commun dans les bières du Québec.


Qu’est-ce que ça goûte le Nelson Sauvin?

On reconnaît souvent au Nelson Sauvin des saveurs de sauvignon (raisins pâles comme le raisin vert ou le raisin blanc), de pamplemousse, fruit de la passion ou melon vert. Il est souvent associé également à des notes herbacées ou florales, avec parfois une légère dimension terreuse.

La clé avec le Nelson Sauvin est surtout le dosage, ses saveurs caractéristiques étant assez particulières. C’est pourquoi on le voit souvent accompagné d’autres types de houblon, question de n’apporter qu’une petite touche complémentaire. Les bières monohoublons au Nelson Sauvin, bien que plus communes auparavant, se font un peu plus rares actuellement.

Vous l’aurez compris, le Nelson Sauvin est surtout utilisé chez les bières qui mettent les houblons de l’avant, comme la Pale Ale américaine, l’IPA, la NEIPA ou la Double IPA. Toutefois, rien n’empêche les brasseurs de l’utiliser chez d’autres types de bières ; je me souviens par exemple que les premiers brassins du Vin d’orge américain de Pit Caribou contenait du Nelson Sauvin (aux alentours de 2014 ou 2015).


La dégustation

Voici quelques bières disponibles présentement pour découvrir ou redécouvrir le houblon Nelson Sauvin :


Inaperçue – New England Pale Ale – 5,5% – Boréale (Blainville)

L’Inaperçue est une Pale Ale américaine, façon New England, sortie récemment par Boréale. Dans celle-ci, le Nelson Sauvin ressort assez bien avec ses saveurs de raisins verts, de pamplemousses et de fruits de la passion, le tout accompagné d’une présence plus herbacée voire légèrement terreuse. Les houblons Citra et Galaxy viennent pour leur part renforcer l’aspect tropical, avec des notes de mangues, d’ananas et d’agrumes. Malgré les saveurs particulières du Nelson Sauvin, l’Inaperçue se veut plutôt légère et facile à boire, possédant (comparativement à la moyenne des NEIPA) un corps un peu plus mince, moins d’explosivité au niveau des arômes et un taux d’alcool plus modéré.


Jouer avec le feu – NEIPA – 7% – Sir John (Lachute)

Sir John est une autre de ces microbrasseries incontournables si vous appréciez les NEIPA et ils nous proposaient dernièrement la Jouer avec le feu. Au nez, on sent bien l’aspect légèrement vineux distinctif du Nelson Sauvin, qui évoque en bouche plutôt les raisins verts ou le melon. Ce dernier semble aussi responsable du côté floral. Des houblons Simcoe et Mosaic viennent compléter le profil aromatique avec des notes d’agrumes et de fruits de la passion. C’est un breuvage bien juteux et tropical, mais à la fois bien floral, green et herbacé, dans lequel le Nelson Sauvin vient ajouter sa petite touche caractéristique.


Annunaki – NEIPA – 7,2% – Bas-Canada (Gatineau)

Nommée d’après les divinités mésopotamiennes du monde sous-terrain, cette NEIPA met vraiment bien en valeur les houblons de l’Océanie : le Nelson Sauvin (Nouvelle-Zélande), le Wai Iti (Nouvelle-Zélande), le Motueka (Nouvelle-Zélande) et le Topaz (Australie). Ces houblons vont dans des directions qui, contrairement aux houblons américains, rappellent souvent plus les fruits comme le raisin pâle, les baies ou le melon vert. Évidemment, la Brasserie du Bas-Canada (qui excelle dans tout ce qui est très houblonné) sait faire ressortir les houblons avec intensité et bon dosage.


Un chat un chat – Double NEIPA – 8% – Noctem (Québec)

Pour les amateurs d’IPA qui apprécient un peu moins le côté juteux des NEIPA, la microbrasserie Noctem produit plusieurs bières bien houblonnées qui se situent à mi-chemin entre l’IPA américaine classique, l’IPA vermontoise et la NEIPA. Elles possèdent évidemment un côté fruité, mais proposent parfois un peu plus de malt et une amertume plus sentie (toujours dans le bon goût). Dans cette édition, nommée Un chat un chat, les houblons utilisés sont le Centennial, l’Enigma, le Simcoe et le Nelson Sauvin. Ce dernier est donc un peu mieux camouflé, mais on se doute bien qu’il contribue grandement à cet aspect plus « melon vert », herbacé et résineux, le tout accompagné de parfums de papayes, goyaves, ananas et agrumes, ainsi que d’une amertume persistante.


Et vous, appréciez-vous le Nelson Sauvin, ou pas du tout?

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