Que tu le veuilles ou non, Volbeat est maintenant l’une des plus grosses pointures sur l’échiquier métallique mondial. Leur musique est vraiment accrocheuse, teintée de blues et de boogie woogie. Certains apprécient Volbeat en cibole, d’autres sont répugnés, passionnément par leur approche sur le metal et surtout, par le grain de voix semi-Elvis de Michael Poulsen. De mon bord, je suis mi-figue mi-raisin en ce qui concerne la discographie de cette troupe du Danemark.

J’ai bien apprécié les deux premières offrandes du groupe. J’étais même allé les voir au Club Soda, à l’époque, dans une salle remplie à la moitié, donc vide de moitié aussi. Lors de leur dernière visite, j’ai tenté ma chance de nouveau à la Place Bell et j’ai trouvé mon temps long. Je n’étais pas dedans, pas une seconde. Faut dire que Halestorm, juste avant, ne m’avait pas aidé.

Quand j’ai regardé le regard vide de mon fils Renaud, je lui ai demandé, entre deux chansons : « Aie, on sâpres-tu notre camp? » son approbation a été rapide. Direction, maison. Quand j’ai reçu le nouvel et premier album de Asinhell, j’ai pris la chose avec une approche plutôt craintive. Effectivement, Asinhell est le projet death metal de Poulsen. Sachant qu’il possédait un passé ancré dans les arts morbides avec la formation Dominus, ceci m’a donné un certain répit sauf que l’approche joviale qu’il propose avec Volbeat venait mélanger les cartes un brin.

Par contre, avec Poulsen, nous retrouvons aussi Mark Grewes, la voix de chez Morgoth et aussi, d’Insidious Disease en plus d’avoir l’ancien batteur de HateSphere (et encore avec Raunchy), Morten Toft Hansen. Il se voulait donc impossible que les deux musiciens aient accepté de se joindre à un groupe, disons ou mettons, death metal accessible et/ou commercialisable.

Quoique Grewes était sur Feel Sorry for the Fanatic de Morgoth… Hum, ça ne veut rien dire d’abord…

En feuilletant le document de presse, je me rends compte que Poulsen a eu, comme bien des gens, de nombreuses heures disponibles pendant la pandémie. Tant qu’à se tourner les pouces, il a pris sa guitare et il a composé des chansons avec l’esprit du death metal en tête. Avec le matériel accumulé, il a été capable de monter un groupe et la nouvelle s’est partagée, amenant Metal Blade Records à la table des négociations pour offrir un contrat de disque à Asinhell. Poulsen réalise un rêve en tant que tel en signant avec un label aussi respectueux dans l’univers métallique.

Avec cet album du nom de Impii Hora (l’heure damnée en traduction libre), Poulsen a voulu rendre un hommage aux groupes qui ont su le marquer dans son parcours. En toute franchise, on s’en rend compte rapidement en écoutant Island of Dead Men qui se veut un immense salut à Hammer Smashed Face de Cannibal Corpse. Ceux qui se sont procurés la réédition de Spiritual Healing de Death en 2012 ont peut-être remarqué que c’est Poulsen qui a écrit le texte dans le livret. Grand fanatique de Schuldiner, cet album demeure son préféré et d’avoir utilisé les services de Mark Grewes aux voix n’est pas un hasard, étant donné la similitude du grain de gorge de Grewes avec celui de Chuck. On remarque surtout la passion face à Death sur la chanson Pyromantic Scryer.

Comme de raison, d’y aller avec le titre The Ultimate Sin nous ramène à Ozzy Osbourne quoique cette chanson n’a rien à voir avec un hommage sonore face au Prince des Ténèbres. Il n’y a que le solo de Poulsen sur cette chanson qui effleure le style proposé par Jake E. Lee lors de cette époque. Avec son approche death n’roll, la chanson Desert of Doom se veut totalement badigeonnée par l’esprit du Entombed de l’époque de Wolverine Blues, en montant vers Inferno.

Il faut s’y attendre, même si cet album se veut gonflé de death metal, la touche hyper accrocheuse de Poulsen est présente sur chaque chanson. Il faut lui donner ça, ce guitariste a la capacité de prendre une chanson tout à fait banale et la transformer en « metal d’aréna ». Avec cet album d’Asinhell, c’est ce qui en ressort car c’est excessivement enjôleur malgré une propension brutale.

Il est à se demander comment Poulsen va pouvoir pousser cette machine qu’est Asinhell. Sachant que la tournée de Volbeat est terminée et que Poulsen se fera opérer au niveau de la gorge, le timing serait parfait pour lui en 2024 pour écrire de nouvelles chansons pour Volbeat dans l’autobus de tournée tout en amenant Asinhell sur les routes, probablement en ouverture d’une autre grosse pointure du death metal.

Donc, Asinhell en 2024 et pour ceux qui carburent à Volbeat, ce sera de retour en 2025!

L’album Impii Hora est disponible sur Metal Blade Records.   

www.facebook.com/AsinhellMusic

Photo : Brittany Bowman