J’étais dans tous mes états quand j’ai appris que j’avais l’opportunité d’avoir Alex Staropoli en entrevue. Plusieurs suivent la carrière de Rhapsody of Fire depuis les tout débuts (le bon vieux temps), d’autres ont décroché au fil du temps, d’autres ont boudé le départ de Turilli et de Lione, etc… qu’à cela ne tienne! Ars Media voulait en apprendre davantage sur le nouvel album de Rhapsody of Fire : Glory for Salvation. Pour l’occasion, qui de mieux que le pilier du projet pour nous en jaser? Voici nos échanges!

Photo : Courtoisie AFM Records

Ars Media Qc :
Parlons dès maintenant de ce fabuleux album avec actuellement 5 singles sur le marché et même une vidéo tournée dans les Alpes pour Chains of Destiny, c’est impressionnant. Beaucoup de matériel est né depuis la sortie de votre EP en juin dernier. Aviez-vous déjà tout ce matériel en poche, tout prêt pour nous? Quelle a été la transition entre l’EP et Glory for Salvation?

Alex Staropoli :
L’idée était de sortir un single évidemment, mais j’avais préparé quelques chansons. Nous avions une pièce live et une pièce bonus qui avait été précédemment lancée au Japon. Ensuite, nous avions une ballade en plusieurs langues. Donc, j’ai proposé à AFM Records de faire quelque chose de plus intéressant pour les fans plutôt que de sortir un seul single. À la fin, nous avons décidé de faire presque 40 minutes de musique. Nous parlions de faire un EP parfois parce que nous avions ce matériel, mais l’idée est arrivée lorsqu’il nous a fallu choisir une pièce qui allait servir de single alors… c’était la meilleure façon d’envoyer un single sur le marché!


Sur l’EP qui est sorti en juin dernier et aussi sur cet album, on peut entendre un tas de langues différentes (Italien, Espagnol, Français, etc.). Évidemment, étant donné que vous êtes Italiens, il était certain que nous en entendrions sur Glory of Salvation. D’où vous vient donc cet amour pour les autres langues?

En effet il y a plusieurs langues, mais je dois dire qu’au départ, je n’étais pas trop en faveur de ça, surtout à cause de la façon dont les paroles sont écrites en italien. La plupart du temps, c’est très cheesy, du moins pour mes oreilles italiennes, mais d’autres fois les paroles étaient très bien écrites et je comprenais aussi que parfois, si c’était plus poétique et avec des influences plus « opératiques », ça pouvait être très intéressant. C’est vraiment en lien avec la signification des mots. Aussi, Giacomo est un chanteur et il aime être mis au défi. Il adore chanter en italien et aime aussi expérimenter différentes langues puisqu’au bout du compte, il s’agit de livrer différents sons. Nous avions beaucoup de gens autour de nous qui nous aidaient avec le Français et l’Espagnol alors c’est intéressant pour nous et c’est un cadeau qui nous espérons plaira aux fans, que ce soit la version classique en anglais, mais pour aussi aller chercher un petit quelque chose de plus. Aussi, c’est important de mentionner que les paroles ne sont pas littéralement traduites : elles sont réécrites chaque fois avec le même esprit en essayant de dire la même chose, mais évidemment avec quelques différences en lien avec la langue avec laquelle nous travaillions.

Qu’est-ce que les fans peuvent trouver dans cet album qu’ils ne pourraient pas retrouver dans les autres comme The Eighth Mountain par exemple?

Et bien, The Eighth Mountain et Glory for Salvation sont comme des frères en termes d’album : c’est une saga, c’est une continuation. Ils sont en quelque sorte assez similaires, mais Glory for Salvation développe peut-être un côté plus mélodique et va chercher des harmonies vocales plus riches, surtout avec les chorales et c’est aussi, à mon avis, le meilleur mix que nous ayons eu. Lorsque le mix est puissant, énergique et laissant entrer beaucoup de clarté, c’est une bénédiction pour l’auditeur, mais aussi pour moi qui adore le son en soi. Sand (Alessandro) a fait de l’excellent travail avec ce mix. Donc, je pourrais dire que le son est la principale différence.

Vous avez subi de nombreux changements dans votre carrière musicale Je peux probablement dire que vous êtes devenu un modèle lorsqu’on parle d’adaptation aux changements. Après toutes ces années, quelle est la clé pour s’ajuster en tant que producteur, compositeur et interprète entre chaque album?

Je dois dire que depuis The Eighth Mountain, avec Giacomo, avec la façon dont je travaille et avec laquelle nous travaillons tous, ça plane quand même bien, c’est smooth. Bien sûr, le processus de composition n’est pas encore très automatique, alors nous avons eu quelques difficultés, mais c’est aussi quelque chose qui peut être bon pour un musicien. Au surplus, ça m’a pris deux ans à créer comme album, du moins du moment où j’ai commencé jusqu’à la ligne d’arrivée. Je voulais vraiment prendre mon temps en premier lieu, mais je voulais aussi m’assurer de bien suivre la production, d’effectuer l’enregistrement moi-même, d’être vraiment en contrôle de la production elle-même enfin.

Comment procédez-vous pour composer une toute nouvelle chanson? Par où commencez-vous?

Je dirais que ça dépend. Par exemple, pour Terial the Hawk, c’est une chanson que j’avais tout simplement envie d’écrire. J’ai donc écrit avec les instruments que je voulais utiliser en premier. Alors, je voulais trouver quelqu’un qui pouvait jouer des Uilleann pipes (cornemuse irlandaise), des harpes celtiques et j’ai un aussi bon ami qui était invité sur l’album qui sait jouer de toutes sortes de flûtes différentes. Donc, mon désir initial était d’utiliser un paquet d’instruments spécifiques. J’ai vraiment commencé à composer avec et pour ces instruments. Par la suite, les chansons et les idées se sont rapidement enchaînées. Ça dépend aussi : parfois je ne fais que pianoter et jouer avec les sons et je laisse les sons que j’utilise m’inspirer. Aussi, très important, plusieurs chansons sont créées sur la base des riffs de guitares qui me sont envoyés et ça, ça génère des idées que nous partageons tous ensemble.

On peut dire que vous êtes tout simplement créatifs puisque plusieurs groupes ont exactement le même processus pour écrire pendant des années, c’est sacré et ils y tiennent solidement. Plusieurs vont même souffrir du syndrome de la « page blanche », mais vous utilisez le tout plutôt comme un casse-tête finalement?

Oui, un peu. J’ai une longue liste d’idées et de choses que je veux faire alors, il y a toujours quelque chose d’excitant qui se présente. J’ai même déjà commencé à travailler sur de nouvelles chansons, pour la simple et bonne raison que je déteste procrastiner : chose que j’ai faite pendant trop longtemps dans ma vie et donc, depuis les dernières années, j’aime vraiment anticiper. Je commence à travailler très tôt et avant tout le monde pour qu’à la fin, je n’aie pas à me dépêcher. Ainsi, je peux me concentrer sur les arrangements, les enregistrements et sur le mix et diriger les chansons finales afin qu’elles soient prêtes au moins 6 à 8 mois avant leur sortie. Ensuite, nous pouvons choisir les singles, décider quoi faire avec toutes les chansons, lesquelles utiliser pour les vidéoclips, etc. À la fin, c’est meilleur pour la compagnie de disques, mais aussi pour le groupe. Sinon, j’ai l’impression qu’on doit attendre encore plus de temps avant la sortie de l’album.

C’est très bien de prendre son temps et d’être certains que tout soit bien en place. D’ailleurs, quel a été votre plus grand défi dans la création de cet album?

Et bien, à la fin tout s’est déroulé relativement smooth, malgré l’enregistrement que j’ai été en mesure de faire seulement à l’été 2020. À ce point, je pouvais me rendre en Italie puisqu’il n’y avait plus de restrictions, donc je pouvais profiter du temps avec Giacomo chez lui, installer le studio, enregistrer les chorales, la partie vocale, les invités, etc. Sinon, avant cela, le processus d’écriture était très fluide et très excitant. Donc, il n’y a pas eu de gros défis, mais c’est toutefois très demandant.

Difficile d’ignorer le sujet de la COVID ces derniers temps. Était-ce difficile d’orchestrer le tout avec toutes les normes nécessaires?

Non, pas vraiment puisqu’on a décidé de faire quelque chose de plus avec les chorales et les parties vocales. Nous voulions pousser un peu plus loin les harmonies. J’aime toujours avoir un petit extra dans ça, d’avoir un peu plus de personnes et différents types de personnes pour les chorales, pour atteindre la meilleure qualité évidemment. Cependant, l’approche est plus ou moins la même que ce soit en temps de COVID ou non.

Quels sont les éléments importants qui font que vous vous dites : « OK, ça y est, on a notre chanson, elle est prête »? Qu’est-ce qui fait une BONNE chanson pour vous?

Ah! Normalement, j’aime quand une chanson nous interpelle et que, lorsqu’on entend les premières notes et les premières lignes vocales, ça nous transporte quelque part, qu’on le sente et qu’on le sache déjà. Pour moi, c’est la meilleure chose qui puisse être pour une chanson. Dès le début du couplet, on doit sentir qu’il y aura un développement, que la chanson grandira encore et encore et qu’entre toutes les transitions, cela explose dans un grand refrain. Et ça, j’aime ça dans tous les genres de musique donc je travaille avec cette vision : dès la première note, dès la première mélodie, dès premiers mots qu’on écrit, ça doit être clair qu’on ira quelque part et que ça se développera dans les minutes qui suivent.

Cela peut paraître prématuré, mais Glory for Salvation est le deuxième chapitre d’une saga de combien de chapitres et quand pourrons-nous obtenir le prochain?

Et bien c’est une trilogie et ça restera probablement une trilogie. Ouais, je peux déjà dire que je travaille sur d’autres chansons, mais aussi nous avons une tournée qui s’en vient. Je devrai donc arrêter de travailler un petit peu, mais bon je n’ai pas encore vraiment de plans. Normalement, nous lançons un album aux deux ans.

Maintenant que l’album est prêt, de quoi êtes-vous le plus fier dans cette sortie?

Et bien, de l’ensemble de l’œuvre, le paquet complet quoi! Vous savez, plusieurs groupes de metal ont des passages très lourds et brutaux. Bon, pas tous les groupes évidemment, dans le power metal l’histoire est différente, mais j’aime beaucoup suivre mes goûts musicaux et donc je suis fier de sortir de la musique qui est très mélodique et qui est positive. Plusieurs enregistrements dans le passé étaient à mon goût trop dramatiques, toujours dans en mode mineur, toujours en détresse et tellement intenses que maintenant, avec The Eighth Mountain et Glory for Salvation, même si l’histoire est très sérieuse, musicalement je voulais que ce soit beaucoup plus relax, avoir plus d’ouvertures, d’utiliser plus souvent le mode majeur, que ce soit plus joyeux. On ne sait jamais, peut-être que ça changera pour le prochain album, je ne sais pas encore, mais j’aime vraiment composer de la musique positive.

Les tournées sont maintenant à nouveau possibles! Vous commencez donc une tournée européenne en janvier, soit à Londres. Comment vous sentez-vous?

Je suis excité évidemment! C’est bien de reprendre les activités. Nous avons une série de concerts en Europe et nous sommes en train d’organiser le tout à d’autres endroits dont possiblement au Canada, aux États-Unis et en Amérique centrale. Nous n’avons pas encore de dates officielles à annoncer, mais on marche dans cette direction évidemment. Le groupe est heureux et tout le monde a hâte de jouer les nouvelles chansons… avec espoir que ça se produise vraiment!

On l’espère tous! Maintenant que la COVID est presque derrière nous (on se croise les doigts), qu’avez-vous trouvé le plus difficile en tant qu’artiste pendant cette période?

En tant qu’artiste? Rien. Parce que vous savez, nous étions en tournée lorsque la COVID tout interrompu et mon plan après, de toute façon, était de revenir à la maison pour travailler sur le nouvel album et c’est exactement ce que j’ai fait finalement. En plus, ici au Royaume-Uni, la situation n’était pas si pire alors nous pouvions toujours sortir, aller au gym, etc. Il y avait un confinement à un certain moment et pendant ces quelques mois, je travaillais tous les jours. Je travaillais même plus qu’à l’habitude donc pour moi, je considérais ça comme un moment pour relaxer. C’était correct pour moi. Je ne suis pas une personne très sociale : je suis heureux chez moi avec un beau grand jardin avec des renards, des écureuils et toutes sortes d’animaux donc je ne suis jamais tout à fait seul! C’était une période intéressante aussi parce que je l’ai seulement utilisée pour créer de la musique et demeurer inspiré finalement. Je connais des musiciens qui se sont sentis très mal, qui sentaient qui ne pouvaient rien faire, mais pour moi c’était une bénédiction dans un certain sens, parce que j’avais tellement de temps pour vraiment me concentrer sur ce que j’avais à faire. Évidemment, j’aurais aimé que ce soit une période meilleure et que personne n’ait à souffrir de la COVID. Nous espérons tous que ça disparaîtra. Du moins ici, au Royaume-Uni, la vie semble meilleure que dans certains autres pays.

Je ne voulais pas manquer l’opportunité d’avoir cette entrevue avec vous puisqu’aujourd’hui, j’ai maintenant 33 ans. Mes amis et moi écoutons vos chansons depuis très longtemps, même depuis l’adolescence. Les gens chantent vos chansons haut et fort, rêvent qu’ils sont des guerriers ou des magiciens qui se battent contre différentes forces. C’est un peu un moyen de sortir du « vrai monde ». Comment on se sent de savoir qu’après toutes ces années, Rhapsody of Fire rassemble encore les gens de tous âges et que vos chansons sont encore chantées un peu partout?

Je pense que lorsque tu as un solide background musical et quand les chansons sont composées pour qu’il y ait une histoire derrière elles, ça peut emmener les gens à vouloir s’évader et à s’amuser. Nous ne parlons pas de la réalité, d’actualité et de vrais problèmes sociaux, non. Nous voulons être aventureux et parler d’histoires fantastiques. Je pense que c’est vraiment cool que ça ait commencé dès le premier album. Nous étions des fans de jeux de fantaisie, de jeux de table, de cartes Magic, etc. C’est quelque chose qui a immédiatement accroché le public et ça continue encore aujourd’hui. J’apprécie ça, parce que les gens adorent la fantaisie et aiment Lord of the Rings, Game of Thrones et toutes ces histoires fantastiques. Nous les aimons aussi et donc on essaie de transporter ce message avec de la musique et une histoire.

Merci énormément d’avoir pris de votre temps pour Ars Media Qc et nous vous souhaitons une excellente soirée!

Merci à vous! Au plaisir de se voir en tournée!


Glory for Salvation est maintenant disponible, et ce, depuis le 26 novembre dernier.