Probablement que les plus âgés connaissent ce supergroupe du nom de Witchery. À l’origine, cette troupe originaire de Suède proposait Jensen de The Haunted à la guitare, Sharlee D’Angelo d’Arch Enemy à la basse, Richard Corpse de Satanic Slaughter à la guitare, Micke Pettersson de Seance aux percussions et un certain Toxine à la voix. Personnage plus grand que nature, Toxine avait un look de chasseur de vampires et lors des concerts du groupe, il arrivait sur scène avec son long manteau de cuir, son marteau et ses longs piquets de bois attachés à sa ceinture. Son maquillage cadavérique agrémentait le personnage qui déplaçait de l’air.

J’ai vu ce groupe sur la scène des Foufs en ouverture de The Haunted, en décembre 2001 et déjà, la formation avait changé. Par contre, tous les yeux étaient rivés sur la présence fantomatique et intense de Toxine qui dominait la scène. Il est allé chercher chaque individu au niveau visuel et auditif avec sa voix serpentaire et son positionnement digital qui laisse l’index, le majeur et l’auriculaire levés, faisant apparaitre un W.

C’était digne d’un culte métallique et dans un sens, Witchery c’était surtout Toxine. Cet habile chanteur n’est plus un membre de Witchery depuis 2010. Il y a de nombreux musiciens qui ont pris part à ce projet de supergroupe. Même encore aujourd’hui. Au niveau vocal, il y a eu trois autres chanteurs après lui dont l’ex-Marduk, Legion et l’ancien Dark Funeral, Emperor Magus Caligula. Maintenant, c’est Angus Norder de Nekrokraft qui s’occupe de la hantise vocale avec ce groupe. S’il se veut moins extravagant sur scène, il se veut versatile au niveau de la gorge.

En 2022, j’ai été agréablement surpris de voir que de 1, le groupe existait encore et de 2, qu’un nouvel album était proposé pour Century Media. En ayant la copie promo, je me suis demandé si le groupe avait de nouveaux membres à offrir, ce qui est le constat de bien des formations qui œuvrent en parallèle d’autres groupes, justement.

De nouveaux sorciers

Maintenant, nous retrouvons Christofer Barkensjö de Lik aux percussions et Victor Brandt d’Entombed A.D à la basse. Par contre, le duo de guitaristes demeure le même avec Jensen de The Haunted et Richard Corpse, toujours en place.

Autre constat intéressant, ce nouvel album du nom de Nightside se veut un album concept, le premier (et probablement dernier) pour la formation suédoise. Les 11 chansons qui composent ce nouvel album portent autour d’une histoire de sorcières et de chasseurs de sorcières, de malédiction, d’envoutements et comme de raison, de la brutalité engendrée par l’emprise intense des organisations religieuses face à ce qui se veut différent.

En ouverture, nous avons l’impression que le son est défaillant avec Witching Hour, qui n’est pas une reprise de Venom en passant. Nous entendons au loin un roulement de percussions mais ce n’est qu’un effet voulu car, par la suite, c’est la pétarade. Ensuite, un gros riff punk metal nous surprend sur Don’t Burn The Witch, qui se veut bien enroulée par une basse goulue et des percussions joufflues.

Nous suivons ce concept ensorcelé sur des chansons qui demeurent bien baraquées. L’emprise de Witchery sur le thrash bien noirci est bien audible, c’est rapide et le tout écrase au niveau métallique. Quelques monologues viennent pimenter l’histoire, nous mettant en contact avec les personnages de cette histoire dont une sorcière qui s’exprime en français, vers la toute fin de l’album.

Des cercueils qui flambent

La pièce Popecrusher est la plus punitive du lot. Son approche thrash metal se veut agile et empressée. L’instrumentale Under The Altar se veut pratiquement un hommage à Slayer. Nous y retrouvons des élans qui rappellent l’intro de Black Magic, avec la grosse corde de basse dans le vide en plus de quelques lignes qui semblent venir de Postmortem. Cette pièce se verse dans Churchburner, une rapide qui demeure excessivement acidulée au niveau de la voix mais punchée par une plus grasse.

Sur A Forest Of Burning Coffins, nous retrouvons un duo plutôt acrimonieux entre Angus Norder et Jeff Walker de Carcass, ce qui confère un caractère plutôt cinglant à cette chanson qui donne l’impression d’entendre un combat vocal entre Skeletor et le Commandant Cobra!

Il y a même Hank Shermann de Mercyful Fate qui vient faire un solo sur l’album, en plus d’avoir la participation de Maciek Ofstad de Kvelertak et Simon Johansson de Wolf qui viennent aussi offrir leur aide, avec un habile solo.

Cet album qu’est Nightside sonne en gériboire. Enregistré justement au studio de Simon Johansson, vous aurez l’occasion d’entendre une production vraiment aérée et puissante, surtout pour la basse et les grosses caisses qui se veulent oppressives. Les riffs sont tranchants et les solos, chirurgicaux.

Du gros stock heavy, rapide et assez essentiel en ce moment!

Disponible le 22 juillet chez Century Media Records.

www.facebook.com/officialwitchery

Photo : Michaela Barkensjö